Les coulisses du travail éditorial
Avant de commencer à vous en parler en détail, il est important de préciser que chaque maison d’édition a son propre processus de correction et de travail édito. Ainsi, je ne vous parlerai que de celui que nous appliquons chez Beta Publisher. Si vous avez été édité.e dans une autre ME n’hésitez pas à partager le processus de correction que vous avez suivi 😊

1re étape : le découpage des chapitres
Avant cette étape, je vous passe la réception du texte sous le bon format (évidemment). Ainsi, lorsque nous parlons de découpage de chapitres voilà ce à quoi cela correspond : nous prenons le fichier texte en entier et nous le tronçonnons 2 chapitres, par 2 chapitres ! Pourquoi ? Parce que cela correspond à un rythme normal de correction journalière de notre part. Tous les jours nous pouvons corriger 2 chapitres. Ainsi, une fois le texte découpé, cela nous permet d’avoir une estimation du nombre de jours de correction nécessaire pour l’intégralité du texte.
Évidemment, lorsque ce sont des chapitres de 20 pages A4 ou de 10 pages A4, le rythme n’est pas le même. Néanmoins, c’est une estimation utile dans l’organisation du travail édito et ce n’est qu’une première étape.

2e étape : mise en page grossière
Certaines maisons vous diront que nous brûlons les étapes et que cela ne sert à rien de faire de la mise en page avant la correction complète du texte. Faux ! En tout cas pour nous ^^. L’idée ici est encore de se donner une estimation ! Nous n’imprimons pas nos romans au format A4, c’est évident, ainsi, rapidement mettre en page les chapitres nous permet d’estimer grossièrement le nombre de pages par chapitre au format livre. On aime bien avoir une idée de l’épaisseur du roman, mais ce n’est peut-être que nous ? Quand je dis que cette étape est une mise en page grossière, je veux dire que nous n’allons pas dans les détails (que nous ne rajoutons qu’en dernier). Ainsi, nous transformons la taille des pages, des marges et celle de la police. Voilà tout 😊
Et puis, de vous à moi, je préfère corriger des chapitres sous format pages de romans que sous format A4. Je sais pas, je trouve que cela fait moins austère, moins rapport… mais ce n’est peut-être que moi !

3e étape : la correction
Et là, vous vous dites, « oui c’est évident ». Certes, mais après avoir échangé avec plusieurs de nos auteurs déjà publiés dans d’autres maisons d’édition, nous ne procédons pas comme tout le monde. Nous savons de source sûre, que la plupart des ME (comprendre maisons d’édition), procède ainsi : la personne en charge du travail édito relit et corrige tout le texte avant de l’envoyer à l’auteur afin qu’il repasse, à son tour, sur la totalité du roman, etc. Et là, vous me voyez venir : nous on ne fait pas ça.
Ce système de correction est hérité des premiers temps de l’édition. Les manuscrits étaient envoyés écrits à la main, les corrections étaient faites directement dessus et les envois passaient par la poste. En toute honnêteté, je pense que je n’aurais pas fondé ma maison à cette époque. Je n’aurais pas eu la patience ^^’. Enfin bref ! Aujourd’hui, la technologie et nos nouveaux super moyens de communication permettent d’effectuer un travail beaucoup plus rapide, mais aussi beaucoup plus collaboratif et vous allez comprendre le pourquoi de notre tronçonnage de texte de l’étape 1.
En effet, pour notre correction, nous procédons à la correction de deux chapitres, que nous envoyons à l’auteur.e afin qu’il ou elle nous fasse ses retours et ainsi de suite. Nous favorisons la proximité et le dialogue avec l’auteur.e lors des corrections afin qu’il ou elle n’ait pas de mauvaise surprise !
Les dessous des corrections
Bon, maintenant que vous avez compris le système d’échange et de ping-pong permanent entre l’assistante éditoriale et l’auteur.e pendant les corrections, que se passa-t-il réellement dans les documents ?
Au sein de la ME, nous avons 2 systèmes de correction. Pourquoi ? Parce que nous sommes deux à travailler les textes et que chacune a sa méthode 😊 Facile.
1re méthode : la correction se fait avec l’outil de suivi de correction de Word. Ainsi, une fois l’outil activé, l’auteur.e a accès à toutes les corrections, comprendre suppressions, rajouts, commentaires, explications, questions, de l’assistante édito et peut ainsi y répondre !
2e méthode : Correction visible directement dans le texte en rouge. L’assistante édito fait barre, surligne et commente le texte.
Les deux techniques se valent, c’est simplement une question d’habitude.
Maintenant, pour ce qui est des corrections, nous avons les corrections ortho/typo, les suppressions, les demandes de rajouts de texte puis les commentaires qui expliquent des modifications, posent des questions, ou tout simplement commentent des passages. Nous sommes éditrices, mais aussi lectrices, donc ça nous arrive de faire des retours live de lecture 😉

4e étape : la relecture
Voilà, le ping-pong est terminé et tous les chapitres ont été revus. Une fois cela fait, l’assistante assemble tous les chapitres dans un même fichier, s’assure de nettoyer toutes les corrections autant que faire se peut et renvoie le fichier complet à l’auteur.e.
Ici, commence alors la phase de relecture complète du texte par l’auteur.e et l’assistante édito. Ensemble, on pose une deadline à la fin de laquelle nous mettons en commun nos retours/corrections restantes avant de procéder à la validation finale du texte !

5e étape : mise en page
Une fois la relecture validée et le texte validé dans son fond, il est temps de passer à la forme. Ce travail de mise en page a deux composantes : la première le respecte des règles qui donnent l’identité des romans de la maison. En effet, tous nos romans respectent les mêmes règles afin de leur imprimer la patte de notre ME. Ces règles sont majoritairement celles précédemment appliquées lors de la première mise en page grossière.
La deuxième composante est entièrement dépendante du livre et de son histoire. Certains romans ne nécessitent pas de mise en page particulière, tandis que d’autres sont déjà plus propices à une certaine forme d’originalité.
Prenons des exemples : nous travaillons en ce moment à la mise en page d’un roman de Fantasy de mœurs, les Carmidor, tome 1, d’Olivia Gometz. Dans ce roman, nous avons inséré des images de Cormorans (point important du roman, car symbole d’une des familles) pour marquer des pauses à l’intérieur des chapitres. De même pour Les Trois Gardes, de Damien Mauger, autre série de Fantasy (dark cette fois-ci) avec un autre symbole.
Dans un registre plus Young Adult, pour L’Heure de la baïne, de Florie Darcieux (stand alone), nous avons travaillé sur un bas de page pour chaque fin de chapitre qui figure l’avancée d’un vélo sur un paysage. C’est, là encore, un élément clef du roman qui fait sens.
Mais le travail de mise en page peut aller encore beaucoup plus loin, si le roman s’y prête !
5.1 – Insertion de documents
Prenons l’exemple de la série des Justan Lockholmes, de C.D. Darlington. Dans cette série crime teinté d’humour, nous avons fait le choix de mettre en page tous les documents qui croisaient la route de notre détective : que cela soit des lettres, des extraits de quotidiens (avec une mise en page correspondante à celle du 19e siècle dans lequel se déroule l’histoire), des notes, des extraits de journaux intimes, etc.
5.2 – le cross media
Mais ce travail peut aller encore plus loin (et oui !). En effet, dans certains de nos romans, là encore il est capital que l’histoire s’y prête autrement cela n’a aucun intérêt, nous avons inséré des photos, mais aussi des vidéos.
Et là vous vous dites : « Comment est-ce possible ? » Grâce au QrCodes. Si vous ne connaissez pas, ce sont des codes sous forme de carré rempli d’autres petits carrés et il suffit de passer la caméra de son téléphone dessus pour accéder à une page internet avec la vidéo. Magie !
Comme je vous le disais, il est primordial que l’histoire justifie cet emploi technologique, mais il est aussi important qu’il ne prenne pas le pas sur la lecture et sur l’histoire. Il faut garder en tête que certains lecteurs, la majorité peut-être, ne feront pas l’effort de scanner les codes et de regarder les vidéos. Ainsi, il ne faut pas que ces dernières contiennent des informations qui, si elles n’étaient pas vues par le lecteur, lui nuisent et détériorent son expérience. C’est un équilibre délicat qui demande beaucoup de réflexion en amont avec l’auteur.e afin que nous parvenions à déterminer si la chose est intéressante et, surtout, si elle est correctement réalisée.
Nos romans qui ont bénéficié d’un tel travail sont S.A.R.R.A. de David Gruson (duologie) et L’Etoile d’Orion (stand alone) si cela vous intéresse 😉.

6e étape : validation définitive et couverture
Ça y est ! La mise en page a été validée et le texte finalisé : la forme et le fond sont ok ! à partir de là intervient le travail de notre graphiste sur la couverture ainsi que sur la 4e ! C’est une étape qui requerrait un article à elle toute seule pour vous en expliquer tout le travail ^^’ néanmoins nous avons mis en ligne une petite vidéo explicative si ça vous intéresse : https://youtu.be/VK2fIo_29RU
Et voilà nous arrivons à la fin de mon article ! Désolée s’il vous a paru long, mais il y a pas mal de choses à dire sur le sujet ! Pour finir, sachez que tout ce travail prend entre 2 et 4 mois maximum 😊 Nous essayons toujours de prendre le plus d’avance possible sur la date de sortie prévue afin de ne pas rencontrer de mauvaise surprise ou bien, si on en rencontre, de pouvoir les gérer au mieux !
Vous savez tout !
Camille de Decker
Betapublisher