10 raisons pour lesquelles il faut poser des fondations solides avant de se lancer dans l’écriture d’un roman
En matière d’écriture, on a tendance à voir la phase préparatoire comme une étape rébarbative (voire facultative), qui retarde le moment où l’on va réellement écrire son roman. En réalité, il n’en est rien. Votre roman va commencer à s’écrire avant même que vous n’entamiez la phase d’écriture. D’ailleurs, si les fondations de votre projet ne sont pas suffisamment solides, vous risquez de vous enliser dans un projet d’écriture qui va tourner au cauchemar. Et d’y laisser votre temps, votre énergie et votre motivation. 3 ressources qu’il vous est déjà difficile de mobiliser au quotidien.
Vous en doutez ?
Voici 10 raisons pour vous convaincre qu’il est essentiel de poser des fondations solides avant de se lancer dans l’écriture d’un roman. Car, d’une certaine façon, tout se joue avant l’écriture.

Qui je suis…
Aujourd’hui ce n’est pas Amelia, mais Cécile qui vous écrit pour vous partager son expérience. Vous ne me connaissez pas (pas encore). Alors je vais prendre quelques secondes pour me présenter.
Je m’appelle Cécile Hennerolles, et je suis :
- Auteure de 3 romans publiés en maisons d’édition : Vladimir et Clémence (chez Grasset), Les Enfants terribles de Bonaventure (chez Magnard) et Dites-moi des choses tendres (chez Eyrolles)
- Auteure du blog fais-en-un-livre.com
- Coach mindset
- Salariée
- Mère de famille
Oui, les emplois du temps pleins à craquer, je connais 😉
Et je vais vous parler de la phase préparatoire d’un roman, ce moment durant lequel votre histoire commence à s’écrire et où son destin de livre se joue secrètement.

1 – Mieux gérer son énergie
L’un des nerfs de la guerre lorsqu’on se lance dans l’écriture d’un livre, c’est de savoir gérer son énergie sur le long terme.
À partir du moment où l’on s’engage dans un tel projet, on passe en mode « marathon », il va falloir tenir le cap pendant plusieurs mois et ne pas griller ses batteries trop vite.
Avoir une trame narrative bien ficelée et un plan cohérent vous permettra de ne pas gaspiller votre énergie, voire de la gérer de façon pro-active, en anticipant les moments où l’écriture sera plus compliquée et ceux où elle sera plus légère.
Soyez certain(e) qu’avoir une vision large est un avantage non-négligeable dans un tel projet.
2 – Écrire dans le désordre (et débloquer certaines situations)
Oui, ça peut paraître surprenant, mais ce n’est pas parce que vous aurez un plan ultra-détaillé que vous n’aurez pas le droit de vous écarter du chemin.
Parfois, on n’a justement pas l’énergie suffisante pour aborder une scène un peu difficile. Dans ce cas, plutôt que de gâcher sa séance d’écriture, on va se faire plaisir en travaillant un autre point du roman.
Avec un plan solide, c’est carrément jouable.
Je dirais même que c’est parce que vous avez un plan solide que vous pouvez vous permettre d’écrire dans le désordre. Dès lors que vous savez précisément où vous souhaitez emmener votre lecteur, vous pourrez travailler n’importe quelle scène à n’importe quel moment.
3 – Assurer la cohérence d’ensemble du récit
Ça va peut-être vous sembler abstrait si vous en êtes au tout début de votre projet, mais tout ce que vous allez mettre en place ici va vous permettre de construire un roman cohérent du début à la fin.
Les enjeux, l’enchaînement des scènes, l’évolution des personnages, les fameux arcs narratifs dont on vous bassine les oreilles, tout cela se joue ici.
Avez-vous vraiment envie de vous rendre compte que quelque chose cloche après avoir écrit 150 pages ? Ou pire, à l’issue de votre premier jet ?
J’imagine que non.
L’élaboration de votre plan détaillé et de vos fiches personnages vont justement servir à cela.
NB : voici d’ailleurs mon modèle de fiche personnage ultra-complet, si jamais cela peut vous être utile.
4 – Faire naître les émotions et la tension dramatique
Vous souhaitez faire naître de l’émotion chez votre lecteur ? Vous aimeriez jouer sur un effet de suspense ? Entretenir la tension dramatique ?
Eh bien sachez que cela ne sera possible que si vous avez préalablement déposé dans votre récit des éléments que vous pourrez réactiver plus tard. C’est-à-dire… si vous avez bien ficelé votre intrigue.
Car pour que votre lecteur ait les larmes aux yeux à la page 128, il faudra s’appuyer sur des éléments que vous avez construits aux pages 25, 54 et 115 (c’est juste un exemple, hein). Si vous avez envie que votre lecteur redoute de passer au chapitre 15, il faudra avoir fait monter la tension dramatique au cours des chapitres précédents.
Ce sera extrêmement difficile de le faire au fil de l’eau. Et beaucoup moins confortable aussi. Alors qu’il serait tellement plus simple et amusant de le faire en pleine conscience, à la manière d’un compositeur qui organise sa partition de façon millimétrée.
5 – Exploiter tout le potentiel de votre idée
Votre idée de départ c’est comme une pelote de laine. Plus vous allez la dérouler, plus vous allez être surpris de tout le potentiel qu’elle recelait (ou pas).
Le problème, c’est qu’on est souvent tenté(e) de zapper cette phase où l’on va triturer son idée dans tous les sens pour en extraire le potentiel. On a envie de passer directement à l’écriture. On sait que le travail va être long et on a envie d’en avoir déjà terminé.
Résultat :
- Soit on n’exploite pas suffisamment le potentiel de son idée et on passe totalement à côté de son histoire (ce qui se ressent inévitablement à la lecture).
- Soit on tombe en panne sèche d’inspiration après 40 pages, et on passe des mois à se demander pourquoi on n’arrive plus à faire quoi que ce soit avec cette idée qu’on adorait pourtant au départ.
- Soit on travaille cette idée comme si elle était une intrigue principale, alors qu’elle n’était destinée qu’à être une intrigue secondaire ou une simple scène.
Il existe des techniques absolument bluffantes pour exploiter le potentiel de son idée sans y passer des heures et même en y prenant un certain plaisir. Ça serait dommage de ne pas prendre quelques heures pour les utiliser…

6 – Identifier les faiblesses du récit
Il n’y a rien de pire, lorsqu’on est lecteur, que de s’apercevoir au fur et mesure de la lecture que l’histoire a complètement laissé de côté un personnage ou un enjeu.
Genre « mais au fait, il devient quoi lui ? Ça fait 50 pages qu’on ne l’a pas vu alors qu’on pensait que ça serait un personnage fort ». Ou encore « mais pourquoi on nous a parlé de cette anecdote pendant 3 pages si elle n’avait aucune importance dans la suite de l’histoire ? ».
Ça arrive, et c’est agaçant.
En posant les choses en amont, vous éviterez cet écueil, car vous aurez une vue globale de votre histoire.
7 – Mieux évaluer l’équilibre général de l’histoire
Une bonne histoire repose sur un équilibre entre des scènes d’action où l’on avance, des scènes plus statiques où l’on va chercher l’émotion ou analyser les choses, des scènes drôles, des scènes plus graves, du suspense, etc.
L’enjeu est de bien doser cela pour ne pas embarquer le lecteur dans des montagnes russes émotionnelles ou au contraire l’endormir pendant plusieurs chapitres.
Cet équilibre se gère tellement plus facilement et de manière tellement plus intuitive avec un plan bien construit et une structure narrative mûrement réfléchie.
8 – Éviter d’être en mode focus, quand on devrait être en mode flow
Lorsque l’on doit réfléchir à la structure du récit, on est en énergie focus (en gros, notre cerveau se resserre pour gérer un problème complexe et précis).
Lors de la phase d’écriture, on passe en mode flow (on ouvre notre esprit à toutes les possibilités qui se présentent, on ne réfléchit plus, on laisse couler le flux des idées, des émotions, etc.).
Ce sont deux modes de fonctionnement totalement différents, et assez incompatibles.
Si vous obligez votre cerveau à réfléchir à la structure du récit, vous bloquerez votre créativité et votre énergie d’écriture.
Passer en mode flow, est assez complexe (surtout lorsqu’on travaille, qu’on a des enfants et que l’on doit fragmenter son processus d’écriture et le réduire à des séquences quasi-minutées). Ça serait dommage de se rajouter des obstacles supplémentaires.
NB : attention, durant la phase préparatoire, il y aura un moment où vous serez malgré tout en mode « flow » (j’ai d’ailleurs ma petite méthode pour gérer cette phase et faire décoller les idées). Mais il laissera ensuite place à une phase de structuration.
9 – Générer des micro-objectifs quotidiens et les remplir
Une partie de ma méthode de travail repose sur le fait de se poser des objectifs. En ce qui me concerne, ils sont de 3 natures différentes :
- Objectif de vie : pourquoi votre roman doit exister ? Quelle est sa raison d’être ?
- Objectif à moyen terme : le délai que vous vous donnez pour écrire votre livre, ou achever la phase préparatoire par exemple.
- Objectifs quotidiens : ce que vous allez faire chaque jour pour avancer dans ce projet et vous rapprocher du but.
Si vous êtes comme moi un(e) accro des listes, vous connaissez déjà cette satisfaction intense qui consiste à cocher les cases de ce qu’on a fait.
Votre plan détaillé sera une longue liste de cases à cocher.
Chaque semaine ou chaque jour, vous avancerez et vous cocherez. Non seulement c’est gratifiant, mais en plus c’est un outil ultra-efficace pour tenir sur la longueur.
Pensez-vous vraiment pouvoir faire la même chose si vous n’avez pas structuré votre projet et que votre seul objectif se résume à « écrire un livre » ?
NB : si vous souhaitez en savoir plus sur ma méthode des 3 objectifs, voici un article complet sur le sujet.
10 – Proposer un manuscrit de qualité professionnelle
Si vous souhaitez proposer votre projet à une maison d’édition, c’est parce que vous avez envie que l’on porte un regard professionnel sur celui-ci.
Et ça sera le cas.
Les lecteurs du service des manuscrits, l’éditeur, le comité éditorial, le directeur de collection, etc. auront des avis de professionnels sur votre histoire et sur votre écriture.
Et soyez certain(e) que lorsque qu’une intrigue a été correctement structurée, que les personnages ont été bien travaillés, que l’auteur(e) sait où il veut nous emmener, etc. cela se sent dès les premières pages.
Cela se sent même dès le synopsis.
Si vous proposez une histoire qui a une ossature solide, qui a du corps et de la chair, un cœur qui bat, des muscles qui la font bouger. Bref une histoire qui tient votre lecteur d’un bout à l’autre. Non seulement vous n’aurez pas à en rougir, mais en plus elle aura toute ses chances face aux centaines de manuscrits qui tenteront de lui faire de la concurrence.

Vous l’aurez compris, je suis une fervente adepte de la phase préparatoire. J’adore ce moment où un roman s’écrit avant même que je ne commence à l’écrire. J’adore cette phase de pure création où l’on pose des choix, où l’on teste des hypothèses, où l’on déroule des idées et où l’on finit par structurer tout cela de façon tellement cohérente que l’on n’a plus qu’une hâte ensuite : commencer à écrire.