Participations au Rendez-Vous des Plumes – Juillet 2022

Bonjour à tous 😊

Un problème n’arrivant jamais seul, l’été a été particulièrement compliqué à gérer en termes d’informatique – un changement de plateforme est en cours pour la boutique – et de temps. Voici enfin la publication de participations de juillet ! Le thème guide non obligatoire était “Message” et vous avez été un petit groupe à vous être laissés emporter par les musiques proposées….

Les textes ne sont relus qu’au moment de leur publication, et ce uniquement dans le but de vérifier qu’ils ne contreviennent pas au règlement de l’atelier d’écriture. Si le cas devait se produire, le texte ne serait tout simplement pas publié, sans autre recours possible de son auteur. La Petite Boutique des Auteurs n’est pas responsable des coquilles, fautes d’orthographe, syntaxiques ou grammaticales éventuellement présentes dans les textes qui participent au Rendez-Vous des Plumes.
Merci d’en prendre note avant lecture.

Amelia

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· Texte dOona · 3ème place ex-aequo

Je m’y voyais Solenne

Dans un jardin de proses : des floraisons, des oraisons.
Je m’y voyais Solenne, de plus belle, d’amour et de passions dans tes bras nus. Tes si doux baisers : chrysanthème, senteur marjolaine. Je m’y voyais Solenne, de plus belle, dans le passé nous nous aimions.
T’empêcher de partir, rejeter ton souvenir, te garder, te quitter, revenir, te choisir. Non ! Jamais je n’aurai imaginé…ne plus savoir quoi dire, ne plus savoir quoi faire !
Pourquoi voudrais-tu me reprendre ? Je suis un idiot, un incapable, je vaux moins que toi, je ne mérite pas cette place à côté de toi, être encore ce nous de nouveau.
Notre avenir s’estompe, et je suis hanté par tes pensées.
Je m’y voyais Solenne, de plus belle. Mais ce jardin de proses n’était qu’un doux rêve.


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· Texte de Jacques Grange · 3ème place ex-aequo

J’aimerais que mes mots comme les notes du piano résonnent dans l’air que tu respires, qu’ils t’appellent et que tu reviennes auprès du piano pour me jouer ta cantate préférée que j’accompagne de baisers.
Oui, reviens dans cette maison douillette où la cheminée et le chat écouteront à nouveau la musique qui naît sous tes doigts magiques.
Tu sais la vie, c’est comme les touches du piano, il y a du blanc et du noir. Efface le noir et garde le blanc, blanc comme ta rose préférée que tu mettras dans tes cheveux pour me faire rire ou pleurer.
Reviens ! Le piano s’ennuie. Quand je le caresse de mes doigts malhabiles, il me dit que tu lui manques. La cheminée est toute bête de ne plus te chauffer les mains et les pieds. Le chat boude.
Tu es partie pour jouer d’autres cantates. Mais tu sais bien que celle que tu joues le mieux, c’est celle que tu joues près de moi.
J’aimerais que mes mots comme les notes du piano résonnent dans l’air que tu respires et qu’il te fasse revenir.
Si tu reviens nous referons nos duos à quatre mains et deux corps que tu aimais tant.

Reviens, oui reviens simplement parce que je t’aime.



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· Texte dAnaïs Aubin · 1ère place

Cela faisait plusieurs heures que Mirabelle était assise sur le divan, prostrée. La nouvelle lui avait fait l’effet d’un coup de massue. Comment cela avait-il pu se produire ? Avec toutes les précautions qu’elle avait prises pour que cela n’arrive pas… Pourtant les preuves étaient bien là, devant elle. Posés sur la table basse, les deux tests la narguaient. Elle prit une grande inspiration et se leva. Les preuves furent mises à la poubelle en un geste décidé. Poubelle elle-même remplacée par un sac vide. Il aimait que tout soit propre lorsqu’il rentrait. Et elle avait plutôt intérêt à ce que ce soit le cas. Cette fois, elle ne le faisait pas pour lui.

Après un bref coup d’œil à la pendule, elle se dirigea vers la chambre. Il lui restait encore du temps avant qu’il ne rentre. Mirabelle ouvrit le placard et s’empara de la valise présente sur la plus haute étagère. Il lui fallait se mettre sur la pointe des pieds pour cela. S’il avait été là, il se serait certainement moqué d’elle. Il ne ratait pas une occasion de le faire. Qu’il y ait une raison ou non. Elle s’empara de quelques vêtements – tous devenus trop grands – et les fourra rapidement à l’intérieur. Le plus important était d’avoir un peu de tout.

La prochaine étape était la salle de bains. Un peu de fard à paupière, beaucoup de fond de teint. Une nouvelle fois, il cachait les marques. Elle avait pris l’habitude et y arrivait beaucoup plus facilement, désormais. Au départ, elle avait eu du mal. Surtout lorsque c’était mal placé comme aujourd’hui. Rien en revanche n’estompait la douleur. Le maquillage rejoignit la pile de tissus froissés à l’intérieur du sac. Elle en aurait encore besoin quelques semaines.

Puis, valise à la main, elle se dirigea dans la cuisine. Étant donné qu’elle avait pris sa décision, il lui faudrait des provisions. Au moins pour les premiers jours. Ensuite, elle aviserait… Elle choisit des choses pas trop lourdes, qui se conservaient facilement et pouvaient se manger telles quelles. Directement dans la réserve qu’elle n’avait pas le droit de toucher. Elle l’entendait dans son esprit : “Tu n’es pas déjà assez grosse comme ça ?”. Cette pensée la fit hésiter. Non, elle ne devait pas se laisser influencer. Plus maintenant.

Il ne contrôlerait plus sa vie.

Sur cette idée, ses pas rapides la menèrent à la buanderie. Un endroit où il ne mettait jamais les pieds. Une salle pour les bonnes femmes, d’après ses dires. Ce qui arrangeait bien Mirabelle. Elle s’accroupit et poussa les bidons de lessive du placard. Fouillant à tâtons, elle trouva la petite boîte en fer qu’elle avait mise là il y a quelques mois. Un coup de tête, après un qu’il lui avait mis. Le tintement des pièces à l’intérieur la fit sourire. Régulièrement, elle en avait rajouté dès qu’elle le pouvait. Plus important encore étaient les billets qu’elle avait pu y mettre. Un véritable trésor pour elle. Trésor qui trouva sa place dans son sac à main élimé.

Un regard circulaire dans la pièce principale lui confirma qu’elle n’avait plus rien à faire ici. Chaque endroit où elle posait les yeux lui rappelait un souvenir douloureux. Elle n’avait jamais été heureuse, ici. Ni avec lui, à bien y réfléchir. Pourtant, sa main tremblait au-dessus de la poignée de la porte. Elle baissa les paupières, appuya son front sur le bois. Quelques inspirations profondes lui redonnèrent courage. Ce n’était pas le moment de flancher. Il fallait qu’elle soit partie avant qu’il ne revienne. S’il la trouvait comme ça, il la tuerait. Elle tourna la poignée, puis s’empara du sac poubelle. Elle ne pouvait pas le laisser là.

Le claquement de la porte fut un soulagement. De courte durée, car en se tournant vers le couloir de l’immeuble elle se figea. La voisine. Mirabelle déglutit. La vieille dame avisa la valise. La fugitive était fichue, sentait déjà les larmes monter. Contre toute attente, la commère qui n’hésitait jamais à faire la moindre réflexion n’en fit aucune. Au contraire, elle l’enlaça quelques instants avant de se diriger sans un mot vers son appartement. Mirabelle crut voir un sourire en coin sur le visage de la femme.

Reconnaissante, la fugueuse reprit sa route. Elle n’oublia pas de passer par le conteneur à ordures. Elle y aurait bien jeté son conjoint, mais à défaut elle y mit le sac plastique contenant ce qu’il ne devait surtout pas trouver. Ce qui la poussait à vivre cette nouvelle vie. Le sourire aux lèvres, son pas était rapide. Elle sautillait presque sur le chemin la menant à la gare. L’air était agréable, lui donnait l’impression de respirer de nouveau.

Un aller simple, s’il vous plaît.

Elle se déffaussa d’un peu d’argent pour le troquer contre le billet vers sa liberté. En s’asseyant dans le train, Mirabelle poussa un soupir de soulagement. Elle n’était pas sereine pour autant. Son frère l’accueillerait-elle le temps qu’elle trouve un logement ? Cela faisait si longtemps qu’elle ne lui avait pas parlé ! Son conjoint n’acceptant pas qu’elle ait un nom masculin dans ses contacts avait jeté son téléphone par la fenêtre. Elle n’avait pas pu en obtenir un autre, ni s’en acheter. Son téléphone et sa puce avaient été introuvables. Elle s’était retrouvée complètement isolée et à sa merci. Morte pour les autres. Morte à l’intérieur.

Les paysages défilaient devant ses yeux, tout comme les interrogations dans sa tête. Sa main trouva un petit objet déposé discrètement dans sa poche. Sa puce de téléphone…? La voisine ! Laura repensa alors à toutes les fois où les voisins avaient subitement besoin de l’aide de son conjoint pour tel ou telle chose. Lorsqu’ils venaient lui apporter à manger, quand il n’était pas là. On l’avait soutenue, discrètement, sans qu’elle ne s’en rende compte. Aveuglée par ce qu’on lui faisait croire. Elle n’était rien. Indigne d’attention. Indigne d’être aimée en dehors de lui. Mais elle n’était pas si seule !

Ce fut tout de même angoissée et soulagée à la fois qu’elle descendit du train. Ses jambes la portaient à peine. Après quelques pas hésitants, une voix l’appela. La vue de son frère qui courait vers elle fit s’envoler toutes ses interrogations. Désormais, elle reprendrait goût à la vie. Une vie qu’elle portait en son ventre, qu’il ne frapperait plus jamais.


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· Texte de Marina Leridon ·

Quelle est donc cette musique lancinante ? Elle fait écho à quelque chose au fond de moi, provoque une sensation désagréable.
Mes pensées se perdent dans un passé pas si lointain. Je me revois allongée sur une plage de sable fin. Les mouettes virevoltent au-dessus de moi en criant. Une douce brise rafraîchit mon corps.
La mer est d’un calme inhabituel, en accord avec mon esprit. Un bateau de pêche vogue sur les flots. Sa coque verte et rouge oscille au gré des vagues. Le soleil se reflète sur le mât et la voile blanche appelle les mouettes à la rejoindre.
Soudain, leur cri s’éloigne : elles se dirigent droit vers le chalut. Je les suis du regard et aperçoit une tâche brune dans le sillage du bateau. Elle semble se battre contre les éléments. Je distingue à peine un visage, puis des bras avec des mouvements irréguliers.
Obnubilée par cette vision, je ne réagis pas à la sonnerie qui se déclenche près de moi. Je m’efforce de suivre le nageur, car c’est bien de cela qu’il s’agit. Je me lève, inquiète, et m’approche du rivage. Le bateau est trop loin pour se préoccuper de l’homme ni même des grands signes que je fais avec mes bras.
Un sac est posé à environ cinq mètres de ma serviette. La musique qui en sort est certainement celle d’un téléphone : la personne insiste encore et encore. La mélodie est maintenant en continu et augmente ma tension qui devient palpable : mon cœur s’emballe, ma gorge se serre.
Et si j’étais en train d’assister à une noyade ?
À la seconde précise où la sonnerie s’arrête enfin, mon regard s’aiguise. Je réalise que le présumé futur noyé se débrouille en réalité très bien. Il s’agit sûrement d’un nageur aguerri.
Honteuse de m’être autant angoissée pour rien, je retourne sur ma serviette tout en surveillant du coin de l’œil l’homme qui arrive enfin sur la plage, à peine essoufflé. Il marche de long en large sur le sable. Une fois sec, il ramasse son sac et disparait aussi discrètement qu’il est arrivé.
La sonnerie me sort de mes pensées. Attablée à la terrasse d’un café, je regarde autour de moi. L’homme de la plage est là. Il attrape son téléphone. La musique s’arrête. Son regard se pose sur moi. Je lui souris, me lève et m’éloigne. Il ne saura jamais quel effet a eu la sonnerie de son téléphone sur une jeune fille qui a une fâcheuse tendance à voir les choses en noir.


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· Texte de Tuy Nga Brignol ·

A l’écoute de la vraie voix intérieure

Liz a une foi profonde en sa guidance intérieure, foi que l’Univers la soutient à aller au-delà de sa compréhension consciente. Par une méditation régulière, elle active sa vraie voix intérieure dans le moment présent. Un outil efficace pour immobiliser son mental et pour bien capter les murmures de son cœur.
Souvent, de nombreuses voix insistantes se font entendre pour attirer son attention. Il peut être difficile de décider laquelle écouter, en particulier lorsque les messages sont tous très différents, parfois contradictoires et même séduisants. Parallèlement une autre voix tranquillement chuchote, comme le bruit du vent à travers les feuilles d’un arbre. Cette petite voix calme n’essaie pas de rivaliser avec le bavardage en surface de son ronron mental, ni ne tente de dominer le volume du monde bruyant à l’extérieur. Savoir dire non aux voix qui la jugent et qui critiquent ses échecs. Plus Liz écoute et croit en ce que sa vraie voix intérieure lui dit sur sa valeur et son potentiel, plus cette petite voix deviendra forte. Et plus elle ignore les voix qui cherchent à interférer avec sa détermination à réussir, plus ces voix deviendront silencieuses. Il y a de la beauté et du pouvoir lorsque Liz écoute ce doux murmure, lui parlant avec amour, compréhension et compassion. Face à l’adversité et aux défis, cette voix l’encourage à faire confiance et à croire en elle, lui donne de l’espoir. Elle lui remonte le moral et la pousse à poursuivre ses rêves. Codes de courage, force pénétrante vers une nouvelle réalité.

Le conflit en soi est souvent causé par le duel de voix à l’intérieur de chacun de nous. Au fur et à mesure que nous avançons dans la vie, nous recevons des messages contradictoires des divers aspects de nous-mêmes. Certaines de nos voix, comme celle de l’opposant ou du saboteur, peuvent parler si fort qu’elles étouffent la voix de la vérité. Le fait est que face aux obstacles, nous perdons confiance en qui nous sommes en tant que personnes, en tant qu’êtres humains.
Nous sommes tous uniques et différents, et donc chacun va résoudre le même problème d’une manière différente. Il est bon et sain d’avoir des références, des inspirations et des maîtres de vie pour y puiser l’inspiration. Néanmoins, Liz ne s’oublie jamais, pour trouver ce qui la définit comme un être humain unique et différent. Chaque personne est capable d’être extraordinaire et pleine de talent vital. C’est juste que nous n’avons pas encore pris le temps de le découvrir et de nous « aimer avec le cœur ».
Dans sa vie, Liz a appris que la clé pour se surpasser et pour briser toute barrière présente au quotidien est de se connaître, de savoir qui elle est vraiment. Accepter ses défauts, apprendre à découvrir ses talents innés et de savoir les utiliser au maximum. Apprendre à ressentir ce dont elle a besoin. Reprendre confiance en elle, une confiance nécessaire pour mener à bien l’aventure de sa vie. Elle sait ce qu’elle veut comme but ultime et pourquoi elle le veut.
Au lieu de se soucier excessivement des difficultés et des obstacles, elle prend un temps d’arrêt pour comprendre ses qualités et intensifier sa propre vision de la vie. Saisir ce qui la définit pour s’améliorer. Il s’agit simplement de chercher à développer sa propre essence, son potentiel en tant qu’être humain. Elle ne laisse pas les pensées négatives l’empêcher d’être la meilleure version d’elle-même, celle qui a la solution et le pouvoir d’aplanir les obstacles.

Écouter sa vraie voix intérieure – souvent la voix de la compréhension, du soutien et de l’assurance – peut aider à réduire et même à résoudre des conflits internes. Si nous voulons l’entendre – peu importe ce qui se passe autour de nous ou même à l’intérieur de nous – nous pouvons toujours écouter cette voix douce sous le bruit environnant des pensées récurrentes, comme un chuchotement venant caresser notre oreille et créer un élan de joie dans notre cœur. En trouvant et en renforçant notre vraie voix intérieure, nous pouvons choisir celle qui dit la vérité. Si nous regardons vers l’avenir mais que notre foi en notre capacité à réussir dans la vie vacille, nous gagnerons à trouver et à écouter attentivement notre vraie voix intérieure.


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· Texte de Jeanc-Charles Paillet ·

Mon message

J’ai besoin de voir dans tes yeux
le reflet de ton cœur amoureux
j’ai besoin de lire dans tes mains
la caresse du lendemain

J’ai besoin de nos corps à corps
de voguer toutes voiles dehors
j’ai besoin que coulent tes larmes
c’est le reflet de ton âme

Comment croire en l’amour
comment croire au ciel bleu
regarde moi dans les yeux
comment croire aux beaux jours
comment croire en nous deux
je veux le voir dans tes yeux

J’ai besoin de croire au présent
quand pèse trop le poids des ans
j’ai besoin de rêver un peu
d’oublier d’être malheureux

Quand au fond de mon cœur il pleut
je ne sais plus ce que je veux
mais j’ai besoin de voir dans tes yeux
le reflet de ton cœur amoureux

Comment croire en l’amour
comment croire au ciel bleu
regarde moi dans les yeux
comment croire aux beaux jours
comment croire en nous deux
je veux le voir dans tes yeux

J’ai besoin de voir sur tes lèvres
un nouveau jour qui se lève
j’ai besoin du refrain de tes mots
pour aller encore plus haut

J’ai besoin de danser ma vie
pour ne pas sombrer dans l’ennui
j’ai besoin des silences aussi
pour me retrouver loin d’ici

Comment croire en l’amour
comment croire au ciel bleu
regarde moi dans les yeux
comment croire aux beaux jours
comment croire en nous deux
je veux le voir dans tes yeux


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· Texte d’Athénaïs Grave · 2ème place

Trois notes sur un piano

« Mon tendre amour,

Quand tu trouveras cette lettre, je serai déjà partie. Les obligations de la vie me rappellent un temps à elles, et m’empêchent de te serrer dans mes bras ce matin. Alors, faute de pouvoir t’embrasser, j’ai déposé ces quelques mots sur son piano. Hier soir, elle nous a enchanté.

Tu étais si anxieux à l’idée de me la présenter. Je dois avouer que moi aussi, je craignais de la décevoir, de la blesser.
Elle reste la femme de ta vie. Celle qui passera toujours en premier. Et moi, l’ombre dans son équilibre. L’intruse qui se fait une place dans son monde. La contrainte qu’on lui impose, dans son espace où elle est pourtant bien plus légitime que moi. Avec la violence de comprendre que désormais, elle devra te partager. Elle avait toutes les raisons de me rejeter.

Mais elle m’a accueillie chaleureusement. Elle a tout fait pour que je me sente à l’aise. A ma place. Je crois qu’elle a vu le sourire que mes yeux dessinaient sur ton visage. Je l’entends encore jouer pour nous sur ce piano après m’avoir glissé à l’oreille : « Merci, depuis qu’il t’a rencontré, j’ai enfin retrouvé mon père, cela faisait des années qu’il s’était perdu ».
Et tandis que sa musique solaire envahissait le salon, je n’ai pu retenir mes larmes. Trois sont tombées sur les touches. Si tu regardes bien, on en devine encore les auréoles sur le blanc immaculé. Comme une promesse… La promesse d’un avenir doux.

Alors, maintenant, mon amour, n’aies plus peur. Car moi je suis sans crainte. Notre nouvelle vie, je vais, nous allons, tous les trois… »

La – Do – Ré


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· Texte de d’Ayrton Massaki ·

Les battements de cœur qui accompagnent l’attente d’un résultat ou d’une réponse. Un livre dans lequel la tension installée nous attrape de toutes ses forces et nous retient du monde extérieur, bien malgré nous. Toutes ces secondes reliées à l’infini… C’est ce qui nous rend atrocement vivant.

Je ne peux pas me passer de ces sensations. Elles colorent mes journées, donnent un sens à mon existence. Avoir le rythme dans la peau n’est pas qu’une expression : la vie est une symphonie à savourer du début à la fin. Lorsque sa vibration me porte au plus haut, je me contemple tel le roi des cieux. Je profite autant que je le peux, car je sais que les sommets ne sont pas éternels. Rien ne me fait plus peur que de devoir amorcer une irrémédiable chute.

Les images défilent dans ma tête, et mes yeux déversent des larmes salées. Elles traduisent l’amertume qui me guette, à chaque fois que son visage se rappelle à moi. Ses grimaces m’arrachent encore un sourire amoureux. De nouveau, je ressens une folle envie de la prendre dans mes bras. Pour mon plus grand malheur, son sommeil éternel en a décidé autrement.

J’use de tous les stratagèmes pour bercer ma peine… et cela fonctionne. Oui, je me découvre de nouvelles aventures, toutes plus enrichissantes les unes que les autres. Je me construis ma propre histoire. Des moments d’admiration, des scènes où tout s’accélère : il y en a pour tous les goûts. Si mon cheminement devait être adapté au cinéma, le spectateur y trouverait son compte, entre joies et drames. En effet, rien n’est plus parlant pour l’homme qu’un divertissement empreint de sentiments.

Le fil est fragile, mais ô combien magnifique. Quand plusieurs destins s’emmêlent, l’artiste en ressort profondément changé, souvent dans le bon sens. Tout seul, je suis fort. Tous unis, nous sommes formidables.


Et pour terminer cette sélection, je vous présente le mien, hors concours :

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· Texte d’Amelia Pacifico ·

Un petit pas sur le trottoir. Deux petits pieds hésitants, deux gambettes maladroites et un petit corps branlant. Deux mains qui s’ouvrent, au loin, et des mètres de macadam à remonter pour trouver la sécurité de ces doigts qui s’agitent, là-bas. Un petit pas de plus, puis deux, et enfin trois. Un sourire qui apparaît à l’autre bout de l’épopée, quand il n’a cessé d’éclairer le minois de la silhouette qui déambule comme un petit chef le long de la chaussée. Deux yeux s’agrandissent à la fois de surprise et de peur lorsqu’une pointe de chaussure trébuche dans un nid de poule, et une exclamation juvénile réchauffe le coeur du regard inquiet. Le petit être se précipite, accélérant la cadence, les deux bras tendus devant lui, à l’affût du moindre contact qui lui confirmera qu’il est bien arrivé en lieu sûr. Il court, maintenant, il y est presque, la joie débordant de son rire cristallin. Le souffle lui manque, volé par son entrain et sa course. On l’enveloppe enfin, des mots doux au creux de son oreille à la large carrure qui le soulève du sol. L’enfant se sent léger, fier, il pourrait dire héroïque, s’il seulement il connaissait ce mot. Père et fils sont en tout cas sur la même longueur d’onde à cette seconde : la journée ne peut qu’être belle pour fêter cette première fois.


Merci à tous pour vos participations et lectures !

A bientôt 💋

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