Bonjour à vous !
Le thème Fantaisie/Fantasy de la première quinzaine de septembre a réuni de nombreux talents, dont je vous laisse découvrir les productions un peu plus bas. Dans quelques heures, le deuxième appel à textes du mois sera dévoilé ! A tout de suite !
Les textes ne sont relus qu’au moment de leur publication, et ce uniquement dans le but de vérifier qu’ils ne contreviennent pas au règlement de l’atelier d’écriture. Si le cas devait se produire, le texte ne serait tout simplement pas publié, sans autre recours possible de son auteur. La Petite Boutique des Auteurs n’est pas responsable des coquilles, fautes d’orthographe, syntaxiques ou grammaticales éventuellement présentes dans les textes qui participent au Rendez-Vous des Plumes. Merci d’en prendre note avant lecture.
___ Amelia
Thème-guide de septembre, premier AT : Fantaisie (non obligatoire dans le traitement de la consigne)
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Type d’inspiration : illustration digitale à choisir
⭐ Inspiration n°1
Chloe Boatowner
Alga cancri
L’ alga cancri ou crabe des algues est caractéristique des eaux douces colorées du pays de Chandarts. On lui doit ce nom aux habitants de cette contrée, les Chandartistes, qui le confondaient avec les algues des ruisseaux, rivières et fleuves du pays. Cette espèce de crabe ne mesure pas plus de dix centimètres de haut et huit centimètres de large à l’âge adulte. Quatre pattes rougeâtres supportent son corps ovoïde et duveteux de couleur violette. Le crabe possède également deux pinces à trois pouces orange qui lui permettent d’attraper et de manipuler facilement sa nourriture. Sa tête comporte des yeux semblables à deux petites billes d’obsidienne. Deux orifices lui servent de narines qui lui permettent de respirer aussi bien sous l’eau, qu’à la surface. Une simple ligne constitue sa bouche. L’alga cancri n’a n’y lèvres, ni dentition ; il n’en a en effet pas besoin puisqu’il aspire ses proies grâce à de minuscules fanons situés à l’intérieur de sa bouche. L’aspect laineux et doux de son abdomen leurre ses proies qui prennent les poils du crabe comme un refuge contre les autres prédateurs. Aussi, lorsque de menus mollusques et poissons s’approchent trop de l’alga cancri, ce dernier les attrape de ses pinces puissantes et les inspire. La laine des alga cancri est également très prisée par les Chandartistes : fins, solides et étanches, les poils de la créature servent à la confection des poils de pinceaux, fondement-même de l’économie de Chandarts.
- Alice Fetille
Un soir d’octobre un petit être vit le jour sur une plage au bord de l’eau. Ses frères et sœurs, des petits crabes comme lui adoraient l’eau, se cacher dans le sable, et faire des siestes au soleil. Lui n’avait pas les mêmes envies, il préférait grimper en haut des palmiers et passer ses journées sous l’ombre et la fraîcheur de leurs immenses feuilles. Là haut perché, il regardait sa famille en bas jouer dans la mousse des vagues avec leurs amis. Ils avaient l’air heureux de vivre ici, mais lui se prenait à rêver d’ailleurs, en regardant l’horizon. Depuis sa naissance il s’était toujours senti différent, ses parents d’ailleurs ne le comprenaient pas, ils le pensaient capricieux de ne pas être reconnaissant de vivre sur cette magnifique plage. Eux qui avaient durement cherché pour trouver l’endroit parfait où fonder leur famille.
Son caractère n’était pas sa seule différence, son physique aussi l’était. Il était entièrement recouvert de petits filaments orangés ou rosés, ce qui lui valut le prénom de “Nori”, en référence aux algues rouges. Lui n’aimait pas son prénom car beaucoup de petits crabes se moquaient de lui. Il fallait bien admettre que ce n’était pas évident à porter quand on sait que les humains mettent des fois du crabe dans les algues nori pour en faire leur repas… Ses moqueries ne furent que renforcer son côté solitaire, il passait son temps dans ses pensées et dans ses rêves, il vivait dans sa tête et malheureusement dès qu’il revenait sur terre il ressentait à nouveau une profonde tristesse face à l’incompréhension du monde. Il ne comprenait pas le monde et le monde ne le comprenait pas.
Le temps passa et un jour il fut assez grand pour prendre son envol où plutôt sa marche. Ses parents furent une fois de plus surpris par ses choix, alors que ses frères et sœurs prirent la mer pour poursuivre leurs chemins, lui, décida de partir par la jungle qui se trouvait derrière la plage. Malgré les inquiétudes et les mises en garde de son entourage, il décida de suivre son instinct. Comment pouvaient-ils être tous persuadés que la jungle était trop dangereuse alors qu’ils n’avaient jamais osé y mettre les pattes? se disait-il.
Il partit alors seul dans la jungle. Les prédateurs étaient nombreux mais la végétation dense lui permettait de se cacher. Malheureusement un jour, en passant sous un rocher, quelque chose l’attrapa et l’emporta brusquement! Nori se débattit de toutes ses forces, utilisant ses pinces et ses pattes il essaya de se libérer, mais un serpent était bien décidé à s’enrouler autour de lui. Il ne pouvait désormais plus respirer, et pris au piège, il commença à perdre connaissance. Le regard dans le vide , il pensait à sa vie , à sa famille, aux amis qui l’avaient prévenu qu’il ne pourrait pas survivre dans la jungle, que la place d’un crabe est dans l’eau ou sur la plage et nulle part ailleurs. Enfin, il ferma les yeux… Quand soudain le reptile le lâcha! Nori tomba à terre et, essayant de reprendre son souffle, vit une lumière intense venue du ciel qui aveuglait le serpent. Quand celui-ci partit au loin, Nori regarda au-dessus de sa tête, c’était la lune! Depuis le soir de sa naissance il s’était toujours senti connecté par ce cercle de lumière, qu’il contemplait d’ailleurs toutes les nuits et sa magie venait de lui sauver la vie!
C’est ainsi qu’il poursuivit sans relâche son périple avec cet astre magique à ses côtés.
Pour autant, la vie n’était pas facile et il fut surpris souvent de penser à rebrousser chemin pour regagner les palmiers de la plage qu’il connaissait bien. Mais son désir de bonheur était si grand qu’il continua pendant des jours, des mois puis des années à traverser jungles, marécages, rivières et par terre de béton, dans l’espoir de trouver un lieu où il se sentirait bien.
Il vit de tout sur son passage, toutes sortes de plantes, d’animaux, il entrevit même des humains un jour en prenant un tunnel humide et nauséabond. C’est en sortant par une grille, qu’il avait alors aperçu ces créatures immenses et derrière elles, au loin, de grands arbres. Il prit alors son courage à deux pinces et marcha très vite pour rejoindre l’autre côté du chemin. Les humains n’étaient pas si terrifiant qu’on lui avait décrit autrefois, ils se mirent tous à crier en le voyant et à partir en courant, lui qui pensait être en danger, c’est lui qui avait fait peur à des bêtes bien plus grande que lui! Il rigola bien de cette réaction absurde en rejoignant la forêt.
Quand il se trouva devant ses grands arbres, il fut ébloui. Ceux-ci étaient encore plus hauts que les palmiers qu’il avait connus. Il se mit à escalader, les branches étaient tellement pratiques pour monter et les petites aiguilles vertes qui les recouvraient lui permettaient de se cacher des prédateurs. Bien plus sûr qu’un tronc tout nu comme les arbres des plages, se réjouit-il.
En redescendant il apprécia la fraîcheur d’un tapis vert posé sur le sol et les rochers, il contempla longtemps les petites touches de couleurs qui sentaient le parfum. L’atmosphère de ce lieu était magique pour lui.
Depuis ce jour, Nori vit dans la forêt et c’est là, caché dans les feuilles d’automne, qu’il se sent enfin à sa place. Jamais il n’aurait pensé qu’un lieu comme ça existait, si loin de là où il était né. Pourtant c’est bien ici qu’il se sent compris par ceux qui l’entourent, ils l’ont d’ailleurs rebaptisé “Le petit être de la forêt”.
- Anaïs Delhorbe
Keon regardait à l’horizon du temple d’Isarus, dans l’espoir d’y apercevoir la silhouette si familière de son père Talos. Il était sensé se libérer de sa mission pour assister à la cérémonie. L’eau, qui, en ce glorieux jour était fluide et cristalline, lui caressait le visage. Il sentait les embruns iodés qui annonçaient l’arrivée des Zandox, les plus redoutables créatures marines contre lesquels leur peuple se battait depuis cinq millénaires déjà. Le cercle des grands maîtres s’était réuni sur la place et l’ensemble de la cité s’était bousculé pour être aux premières loges. Keon se tenait aux côtés de Thaleia, fille de Kapios, l’un des principaux guerriers de la cité. Il était autant renommé que craint par le peuple pour ses pouvoirs. La légende disait que Kapios, au moment de se confronter à la porte d’Isarus avait fait la rencontre d’un Zandox. Certains proféraient que Kapios était né avec cette compétence obscure, d’autres qu’il s’agissait d’une malencontreuse coïncidence. De cela, il n’en restait pas moins qu’il avait su dompter avec vaillance, la fureur de ses capacités sous-jacentes. Keon attendait, les mains croisées contre sa toge de sacrement, le discours du grand maître.
« Chers citoyens d’Isarus, mes frères et mes soeurs, nous sommes aujourd’hui réunis pour procéder à la révélation des âmes de nos jeunes héritiers. Que leur potentiel nous soit profitable. J’appelle notre première disciple: Thaleia, je t’en prie, avance jusqu’à la porte et laisse-là te montrer ta destinée. » énonçait t-il dans son drapé d’un blanc immaculé. Il était traversé de haut en bas d’un liseré doré et serti d’une couronne de madrépore qui lui encerclait, imposante son étroit visage consterné de rides.
Thaleia s’avançait avec méfiance en face de la porte. Elle était large et haute. Quelques colonnades s’étendaient de part et d’autre d’amas de roches difformes. La porte ne s’ouvrait qu’une fois l’an, à l’occasion de la cérémonie. Elle détenait une force insoupçonnée et une barrière invisible qui, comme un champ magnétique empêchait quiconque de la traverser. Alors que la jeune fille regardait, immobile, les yeux fixés dans l’embrasure de la porte, une lueur indescriptible avait apparu et avait imprégné son visage. Médusée, Thaleia avait fermé un instant les yeux avant de retrouver nez à nez avec une envoutante créature: Sorte de poisson d’un bleu opalescent, sans écaille et sans nageoires, mais pourvu d’une nébuleuse queue volatile qui lui servait de gouvernail.
« Thaleia, votre créature jumelle vous a choisi, vous serez désormais un être de lumière et vous serez amenée à siéger parmi les anciens. Vous avez obtenu le don de la connaissance. » déclara solennellement le grand maître, qui avait toujours pressenti le destin de la jeune fille.
Tour à tour, tous les jeunes instruits vinrent se présenter à la porte et firent la rencontre avec leurs créatures les plus mystiques des profondeurs. On assigna le rôle des uns et des autres en fonction de la nouvelle capacité dont ils étaient tout à coup régis. Ce fut alors au tour de Keon de passer devant la porte d’Isarus. Le dos bien droit, les mains jointes et le regard confiant, le jeune garçon fixait l’espace vide. Soudain, la lueur impénétrable qui émergeait de l’au-delà disparue. Dans les tribunes, l’assistance s’éveilla et une incessante cacophonie se répandit. De toutes les cérémonies de révélation des âmes, ce fut la première fois, depuis des millénaires qu’un jeune disciple ne se voyait attribuer ses facultés. Le conseil des grands maîtres, impassible comme à son habitude décida de se retirer et l’ensemble des citoyens furent renvoyés chez eux.
Plusieurs années passèrent au sein de l’acropole et Keon, jugé inadéquat pour la société se retrouvait à errer parmi les jeunes candides et les femmes procréatrices. Un soir, alors que la pénombre avait gagné la cité, il s’était aventuré près de la place principale où se tenait la fameuse porte des « miracles ». Assis aux pieds de la somptueuse architecture, il se lamentait tandis que son écho disparaissait, ondulant sous la coupole.
« Pourquoi ne suis-je pas comme les autres ? Je veux, moi aussi être un guerrier et combattre comme mes frères. » déclarait Keon éploré.
« Tu n’es pas comme les autres. » répondit une voix faiblarde dans le tumulte des vagues.
La voix étrangère qui se mouvait dans l’ombre avait fait sursauter le jeune homme et la lueur quasi-divine du portail l’avait presque rendu aveugle. De l’autre côté, il apercevait une silhouette insaisissable. Elle était petite. Si petite, que Keon avait fini par s’approcher de plus près pour mieux l’apercevoir.
« Hé Ho ! Qui est là ? » avait fulminé le jeune homme, toujours épris d’incompréhension.
Le jeune disciple approchait du passage. Si près que le sommet de son nez, la courbure de ses cils, sa main droite puis son corps tout entier pénétra à travers et se retrouva absorbé de l’autre côté.
« Bonjour » lui avait répondu le petit être à quatre pattes.
Un minuscule Brachyura se tenait à ses pieds. Il formait une microscopique pelote d’un rouge vermillon écarlate. Son abdomen carmin, mêlé à des notes de rouge andrinople soutenait deux pinces chétives. À l’extrémité de ses deux abattis, trois petits doigts velus, tout aussi sveltes se contractaient en alternance les uns contre les autres. Son corps était pourvu de frisottis. Des ondulations très rebondies l’habillaient telle la chevelure de la très célèbre Méduse. Son visage, quant à lui, si nous pouvions ainsi le nommer, était lisse. Il était d’un rouge tout aussi ardent et vif que ne l’était le reste de son corps. Ses yeux sombres dépourvus d’iris mais armés de pupilles parfaitement sphériques reflétaient la lueur de l’autre monde. Ses lèvres étaient inexistantes et il arborait une boucle fine et longiligne qui ne semblaient point occulter de dents féroces. Tout de cette créature incarnait la douceur même.
« Bonjour. Qui es-tu ? » interrogeait Keon face à la créature.
« Bonjour, je suis un uton » avait répondu le petit être duveteux avec sa voix atténuée. « Mon peuple vit ici de l’autre côté de la porte d’Isarus. Nous demeurons loin des civilisations car nous sommes des passeurs d’âmes. À chacune de vos cérémonies, nous affectons une créature (et ses pouvoirs) venue de l’un de ces mondes aux êtres de votre peuple. Sans cela, votre cité aurait disparu depuis longtemps. L’un de vos ennemis principaux, le Zandox a découvert ce passage et a réussi à proliférer dans le votre. Toi, Keon, tu était destiné à être un passeur d’âmes. Notre rôle est inestimable mais nous ne pouvions pas prendre le risque de nous faire voir. Si votre peuple connaissait un jour notre existence, nulle doute ce qui pourrait advenir. »
Alors qu’il écoutait la créature trapue lui expliquer sa destinée, Keon vit surgir à sa vue d’innombrables images. Il se senti alors intérieurement fragile mais doté d’une force incomparable. Il venait d’acquérir en lui une compétence nouvelle, celle d’ubiquité, qui venait s’adjoindre à celles de disposer librement de la distribution des dons et de l’ouverture des portails.
« Comme nous devons rester le plus discrets possible, et, comme il en va de soit que nous ne sommes pas invisibles. Aussi, notre faible gabarit nous permet de voyager plus facilement à l’abri des regards. Certaines créatures sont dangereuses tu sais, bien plus que les Zandox que vous combattez. » poursuivait le uton.
« Et dis-moi, quel sera mon premier voyage en tant que passeur d’âmes ? » interrogea Keon toujours aussi curieux.
« Chacun de nous se voit attribuer une mission, un monde à aider. Elles te serreront spécialement adressées et tu devras distribuer les dons avec diligence en fonction des besoins des êtres que tu rencontreras. »
Aussitôt, Keon vit advenir à sa vue l’image d’une grande planète d’un bleu outremer, parsemée de terres d’ocre et dont les territoires croulaient sous le poids des flammes.
⭐ Inspiration n°2
- Anaïs Aubin
Je me réveillais avec un énorme mal de crâne. En me frottant la tête, je sentis un liquide poisseux, ainsi qu’une vive douleur. Un gémissement s’échappa de mes lèvres. Je me relevai et m’aperçut que j’avais mal un peu partout. J’avais beau réfléchir, je ne me souvenais pas de ce qu’il m’était arrivé. J’étais dans une forêt, comme en témoignaient les arbres immenses autour de moi. Leurs cimes montaient si haut que je ne pouvais pas les voir. Quant à leurs troncs, ils étaient tellement larges qu’il aurait fallu être plusieurs personnes pour pouvoir en faire le tour. Mais j’étais seule, ici.
Je fis quelques pas pour observer les environs. J’avais atterri dans une sorte de clairière. Atterri, oui. Car l’on pouvait clairement distinguer la trace de ma chute, le long d’une colline. Je ne pourrais jamais la remonter, elle était bien trop pentue. Il fallait que je trouve un autre moyen pour repartir. Pour repartir vers où ? Je n’en savais rien, mais si j’étais tombée je me doutais bien que je venais de la haut, et qu’il fallait que j’y retourne. J’avais beau y réfléchir, mon esprit cotonneux ne me fournissait pas la moindre réponse. C’était à peine si je me souvenais de qui j’étais.
Je décidai d’explorer les environs, à la recherche d’indices pouvant m’indiquer la raison de ma présence ici. Ou à défaut, au moins trouver le moyen de rentrer. Les arbres n’étaient pas les seuls à être magnifiques. Tout le sol recouvert de mousse offrait un tapis très agréable. Je fus prise de l’envie d’ôter mes souliers, alors je le fis. Les laissant là, j’appréciai avec délice la moelleuse verdure sous pieds. L’odeur d’humus qui s’en dégageait à mon passage enivrait mes sens.
Le sourire aux lèvres, j’observais les nombreuses plantes différentes en ce lieu. J’en reconnu certaines, alors que d’autres m’étaient étrangères. Me sentant épiée, je levais soudainement les yeux des plantes, mais ne vit rien. Je reportais alors mon attention sur les fleurs. L’une d’entre elles, une astéracée aux pétales azur, me fascinait tout particulièrement. J’étais certaine de ne jamais l’avoir vue de ma vie, et pourtant je savais qu’elle soignerait ma blessure. Ou peut-être que je l’avais déjà utilisée ? J’en cueilli plusieurs avec précautions, et les déposai sur une pierre assez plate. J’entrepris de les écraser afin qu’elles deviennent une sorte de pâte. Je pris alors une poignée du sol glaiseux, à proximité d’une flaque, et en mélangeait le tout. Avant de l’appliquer à l’arrière de mon crâne. Je ne savais pas comment je m’étais faite cette blessure, mais elle me faisait mal. Me saisissant d’une nouvelle fleur, j’en ramassai plusieurs afin d’en boire directement le suc qui s’en écoulait. Je déposais le reste au sol, en remerciant la flore d’avoir bien voulu me venir en aide.
En repartant, je fus attirée par les pieds au bout de mes jambes. Comme ils me paraissaient étranges ! C’était comme si je les découvrais. J’eus l’impression qu’il devrait y avoir quelque chose dessus, mais à bien y réfléchir, je n’en étais pas sûre. En revanche, l’idée de porter des vêtements me parut saugrenue. Je me déshabillai alors, pour me retrouver entièrement nue dans la forêt sauvage. J’éprouvais un sentiment de bien-être m’envahir. Levant les bras, je m’étirai pour ressentir pleinement toute la puissance de cet endroit mystique épouser mon corps. Au sol, ma mue fut emportée par les êtres de la Forêt. Je leur en fut reconnaissante.
Emplie de bonheur, je songeai à ma présence ici. Je cherchais quelque chose. Oui, c’était cela. J’étais venue ici chercher un être. Cette présence qui me protégeait, et que je ressentais partout autour de moi. Je me concentrais sur cette sensation et remontais le fil. Sautillant parmi les buissons, faisant fi des branches griffant mon corps, je me dirigeai tout droit vers Lui. Je devais absolument le voir. C’était un besoin irrépressible, prenant naissance au creux de mon ventre. Il était mon avenir. Le chemin fut court, et je lui fis bientôt face. Je m’agenouillai devant sa Puissance et baissa la tête en signe de respect.
S’avançant devant moi, il m’observa de ses grands yeux sombres, semblant contenir la Vie même. Son corps minuscule, composé d’innombrables racines enchevêtrées, irradiait pourtant de puissance. Une multitude d’autres êtres semblables à lui formèrent un cercle autour de moi. Ils communiquèrent tous ensemble, et je sentis émaner de leurs bouches des couleurs, des odeurs, des images, sons et bribes de souvenirs. Leurs grandes oreilles veinées captaient les conversations en se teintant de couleur différentes, selon ce qui parvenaient à elles. Chaque rainure ressentait sa propre fréquence. Enfin, lorsqu’ils eurent suffisamment débattu, l’être suprême porta de nouveau son attention sur moi. Je n’avais pas bougé et me tenais toujours accroupie devant lui, fébrile en attendant sa décision. L’idée qu’il puisse me refuser m’était insupportable.
La multitude de racines sur son corps bougea, grouilla. Jusqu’à ce qu’il éjecte de lui-même une petite branche. En la voyant, je sus ce que je devais faire. Je sus également que si je le faisais, je ne pourrais plus repartir en arrière. Je ne me souvenais pas de ce qu’il pouvait y avoir derrière moi, mais le passé me semblait être moins important que l’avenir. Beaucoup moins. C’était comme si j’avais attendu cela toute ma vie. Je savais que je n’avais jamais été aussi heureuse qu’ici. Je pris respectueusement le rameau. Ouvrant la bouche, j’y fis descendre le morceau de Vie qui s’y glissa avec facilité. Il prit place à l’intérieur de moi, et épousa la forme de mes veines. Remerciant chaleureusement les êtres de la forêt, je me couchai en forme foetale au pied d’un arbre. On me recouvrit de mousse, d’herbes, de feuilles, de plantes. De tout ce dont j’avais besoin pour mon cocon.
Bientôt, de la sève coulerait à la place de mon sang. Ma peau deviendrait écorce. Mes cheveux , des branches au feuillage verdoyant. Pour le moment, je devais attendre. Là, confortablement tapie au creux de racines protectrices. Enveloppée par la bienveillance de la flore. Protégée par les êtres de la forêt. Bercée par les murmures de mes frères et sœurs, que j’entendrais bientôt clairement.
Bientôt, je serais une dryade protégeant la Nature bienfaitrice. J’étais une, je n’étais rien. Je devenais tous, devenais tout. Bientôt.
- Xavier Boulingue
Vieille branche
« Pour la dernière fois, je ne sais pas où sont passé ces foutus clés ! »
Estelle raccrocha avant d’ajouter des prépositions fleuries. C’était la troisième fois que l’entreprise de déménagement l’appelait afin de savoir où était passé les clefs de leur camion. Celui-ci gisait dans la cours telle une baleine échouée, ralentissant son départ et la pourvoyant en coup de fil irritant. D’abord elle perdait ses notes, puis le contrat de location, et enfin les clefs du camion que les déménageurs certifiaient avoir posés sur la table. C’est comme si cette maison s’acharnait à lui pourrir la vie.
Une tuyauterie en fin de vie, des pièces pleines de courant d’air et une électricité vétuste. Elle avait d’avantage l’impression de camper que de vivre ici. Et pourtant elle y avait séjourné plus d’année qu’elle ne pouvait les compter. Quand elle n’avait pas l’esprit occupé par la nomenclature des contrats, le cours de l’immobilier ou les législations, elle se surprenait du peu de souvenir qu’elle gardait de cette masure et des environs auxquelles elle avait consacré sa vie.
Une chaumière à l’orée forêt de chêne et de hêtre, engoncé dans les replis d’une colline, à peine capable d’assurer la subsistance d’une poignée de chevreuil et de sanglier. La relique d’un monde dépassé, lentement dévoré par les zones artisanales et commerciales, dont les panneaux publicitaires avançaient en avant-garde, à une portée de flèche des troncs séculaires.
Estelle était une femme d’affaire implacable, qui s’était taillé une place dans le monde peu conciliant de l’immobilier, dans l’objectif inattendu de protéger ces quelques hectares forestiers et cette demeure en ruine. Pas l’image type d’une militante écologiste. Et elle y était parvenue, le pauvre bosquet et ses environs étant devenus un parc protégés. Et maintenant son objectif atteint, il était temps qu’elle change d’air, et s’installe dans un environnement plus propice à son travail. Un appartement au cœur de la ville, un parking, et surtout un réseau convenable !
Et à ce propos, ou était passé son portable ? Estelle se rappelait l’avoir plaqué rageusement sur ce vieux bureau constellé de trou de vers. Juste ici, elle en était sûre. Cette maison la rendait folle !
Estelle retourna ses dossiers, rampa pour observer sous les meubles, palpa cycliquement ses poches. Elle perdit patience, balayant tout ce qui couvrait son bureau, retournant la corbeille, et marmonnant tant bien que mal une comptine pour se calmer.
« Un, gauche, trois, droite, vois le grand arbre ! Tourne, tourne autour ! A gauche, à droite ! Demi-tour et t’es plus là.»
Cette chansonnette l’agaçait, toujours dans un recoin de sa tête. Pourtant, là ou d’autres se ronge les ongles, elle la chantonnait pour se calmer. Cela devait être un souvenir d’enfance, une berceuse apaisante de tante Alia. C’est pour elle qu’Estelle faisait tout ça. Ses souvenirs dans cette maison s’étaient noyés sous le poids des années, mais il lui restait ça. Le souvenir flou de Tatie Alia, l’importance de ses bois, l’importance de les conserver. Des images de feuille parfumée brulant dans un bol, des contes sur les créatures des bois, le repas bouillant dans la marmite, et cette fichue comptine.
Il fallait maintenant qu’elle aille de l’avant, mais le sort s’acharnait contre elle. Tout ce dont elle avait besoin disparaissait, et elle était sans cesse torturée par la sensation d’oublier quelque chose. Quelque chose d’important.
3 heures et 5 cris de rage plus tard, Estelle avait renoncé à l’idée de retrouver son portable, les clefs du camion de déménagement ou aucun autre objet disparu. Son verre de vin pour se calmer les nerfs était devenu une demi-bouteille lorsqu’elle tenta une expérience. Elle s’empara de son sac à main et en sortit ses clefs de voiture, son dernier contact avec l’extérieur. Elle dégagea un vaste carré sur la table devant elle et posa les clefs au centre. Elle observa longuement l’anneau de métal, la large clef du démarrage et le petit boitier électronique de la fermeture centralisé. Elle les a posés là, juste là ! Si le regard avait une force, le sien aurait perforé le bois.
« Mes clefs sont là ! Mes clefs sont là, elles sont là ! »
Un nouveau regard perforateur conclue ce mantra, et elle retourna à son verre. Elle alla se en cuisine chercher de quoi manger, histoire de laisser le temps d’agir au destin. Elle revint s’assoir armée de son sandwich improvisé, avant de se redresser arborant un mélange inhabituel de surprise et de fatalisme. Les clefs n’étaient plus là.
Pour fêter sa grande découverte : l’univers était bel et bien contre elle, Estelle décida de s’accorder encore un verre. Elle le dégusta avec lenteur et aigreur, marmonnant sa comptine d’une voix torve. Elle se souvint aussi des histoires de tante Alia, ou tout un tas de gnome, troll ou je ne sais quoi s’amusaient à chiper ce qui traine. La solution : Une coupelle de lait et de quoi manger.
Persuadé de faire la meilleure blague du monde, et déçu de l’absence de public, Estelle courut chercher coupelle et lait pour les disposer, assorti d’une fraction de sandwich.
« C’est bon les lutins, vous pouvez me foutre la paix ! »
Elle s’écroula sur le fauteuil en savourant sa blague, avant de dessaouler d’un coup en croisant le regard d’un petit homoncule, créature verdâtre et pelucheuse, aux oreilles en chou-fleur et aux grands yeux brillant. Ce dernier achevait de grignoter un bout de quignon, du lait sur sa trogne et un jeu de clef autour de sa taille. Le petit être se figea, lui retournant un air surpris et gêné. Estelle vit sa vision du monde, de l’univers et ses croyances spirituelles êtres balayées d’un revers. Aussi fut elle la première surprise d’hurler :
« Mes clefs ! »
L’homoncule sauta à bas du meuble pour cavaler à travers la chaumière étroite, une femme d’affaire vindicative à ses trousses. Toutes les frustrations, vexations et mauvaises surprises d’Estelle venaient de trouver une cause et un défouloir.
« Moussu au pied ! »
Estelle ne savait pas pourquoi elle l’avait appelé ainsi, ni pourquoi ce nom lui était venu si facilement à l’esprit. Elle se concentrait sur l’objectif d’attraper le petit bonhomme qui la distançait malgré ses dimensions et sa panique. Il se faufila par la fenêtre ouverte et elle jaillie par la porte. Elle le poursuivit à travers les bois, se souciant peu des ronces. Il s’élança sur la gauche, ignora deux sentiers et vira d’un coup à droite. Elle allait l’avoir, elle se pencha pour le saisir tandis qu’il la faisait tourner en bourrique et autour d’un vieux chêne. Il reprit de l’avance, tenta de la semer par la gauche puis la droite. Il vira finalement dans ses jambes et Estelle trébucha avant de se retourner en jurant.
Le petit chemin derrière elle s’était mué en une longue sente forestière. Les lumières de la ville avaient disparue, et le bosquet s’était changé en une forêt impénétrable, ceinturé par le mur des haies et le toit du feuillage. Plus de trace de la petite créature. Ou cette dernière l’avais fait courir, ou son ébriété l’avait entrainé ?
La voilà donc perdu dans les bois, et on ne sait ou par-dessus ça. Elle décida de se rendre à la masure au sommet de cette colline. Elle savait qu’elle était là, aussi surement que s’appelait moussu l’être des bois. A chaque pas les souvenirs revinrent, les faux semblants fondirent. Elle n’était jamais restée aussi longtemps dans la maison de façade, si longtemps dans l’autre monde. Il lui avait fallu apprendre les nouvelles règles, ce qui avait changé depuis son dernier passage. Elle avait dû batailler pour conserver ce qui restait des bois de ce côté. La dernière accroche. Et elle avait failli se perdre à jamais, devenant à jamais un simple masque. Heureusement ce brave Moussu avait fait son office, empêchant son départ et la ramenant chez elle. Elle siffla, et l’insaisissable familier vint se jucher sur son épaule, l’air satisfait du devoir accompli. La sorcière lui gratta le dessus de la tête, et il frétilla.
- Tuy Nga Brignol
Les bienfaits de la méditation au petit matin
Juste avant la venue des pâles rayons de l’aube, avant que notre esprit ne soit complètement éveillé, les premiers instants de la journée peuvent être un moment merveilleux pour la méditation. Le sommeil profond a lavé les impuretés de l’existence qui se sont accumulées en nous, de sorte que notre potentiel mental, physique et émotionnel est accru. Méditer dans cet entre-temps paisible mais énergiquement chargé, c’est se connecter avec le divin d’une manière extrêmement intime.
Nous nous réveillons alors que le monde s’éveille, embrassant tranquillement la joie d’être et donnant le ton pour une journée sereine et épanouissante. Nous découvrons une connexion avec la force de vie universelle pendant la méditation parce que notre conscience devient un miroir de la conscience terrestre. Nous pouvons ainsi tirer parti des qualités énergétiques uniques de l’aube pour le confort, la créativité et la vigueur.
Il y a du bonheur dans la simple connaissance que nous avons reçu le cadeau d’un autre jour d’existence. Nous sommes inspirés par les images et les sons de la douce ascension du soleil. Les oiseaux bercent la luminosité, qui s’enrichit de minute en minute. Et bien que nous puissions ressentir une léthargie résiduelle, notre vitalité revient grâce à notre méditation. Au début de chaque nouvelle journée, notre destin n’a pas encore été écrit. Il n’y a donc rien que nous ne puissions faire.
Mère Nature existe dans un état stable de flux d’énergie. Dans la première lueur glorieuse du matin, la lumière, l’air et l’énergie qui nous entourent nous parlent à voix basse de l’activité à venir. Bien que nous reconnaissions qu’un autre jour d’être signifie être à nouveau immergé-e dans les défis de l’action et de la réaction.
Même le plus bref moment de contemplation tranquille dans la lumière tamisée du soleil peut mettre en perspective tout ce qui reste à venir. Par suite de nos réflexions dès l’aube, notre vie est imprégnée de la même stabilité, tranquillité et conscience accrue que l’humanité a longtemps associées au calme du petit matin. La méditation devrait occuper une place de choix dans notre liste de choses à faire. Nous méritons de prendre « notre temps » et de prendre soin de nous, même pendant les périodes chargées de la vie. Bien que nous ne puissions pas toujours nous évader, il nous est toujours possible de nous nourrir et retrouver notre tranquillité d’esprit.
Chacun seul peut ressentir quelle est sa propre manière de faire ce qui lui procure de la joie. Chaque âme a donc automatiquement en elle la connexion à la Source. Nous avons le pouvoir de décider de rester en contact avec notre âme dans notre espace intérieur et de maintenir la clarté. C’est seulement lorsque nous sommes centré(e)s en nous-mêmes que nous pouvons véritablement être là pour les autres.
- Mikael Morin
La Forêt du Songe
La lueur de la lune dessinait d’étranges ombres sur le sol de la forêt enchantée. Les arbres aux troncs argentés semblaient danser doucement, leurs feuilles susurrant des secrets anciens. L’air était imprégné d’une magie palpable, chaque souffle emplissant les poumons d’une sensation d’attente, d’un espoir inexpliqué.
À l’orée de la forêt, une maisonnette solitaire se tenait, éclairée par une unique bougie posée à la fenêtre. Dans cette demeure, une petite fille prénommée Lila était allongée sur son lit, enveloppée dans sa couverture comme un cocon. Elle était éveillée, son regard fixé sur le plafond, perdue dans ses pensées. Un éclair lointain zébra le ciel, suivie par le grondement d’un tonnerre qui semblait provenir des confins de l’univers.
Mais soudain, Lila sentit quelque chose. Une présence. C’était comme un doux murmure qui venait de sous son lit, ou peut-être une sensation douce, comme une caresse sur son pied. Elle se redressa lentement, son cœur battant plus fort, et glissa sa main sous le lit, s’attendant à toucher le pelage doux de son chat. Mais ce qu’elle trouva n’était pas familier.
Un frémissement, une ombre mouvante. Deux lueurs, semblables à des lucioles, s’allumèrent sous le lit, illuminant ce qui semblait être des yeux, grands et ronds, brillants de curiosité et peut-être d’une pointe de malice.
Avec prudence, Lila se pencha lentement sur le côté de son lit, cherchant à voir cette présence inconnue. Et là, cachée dans la pénombre, une petite créature la contemplait avec émerveillement. Ses grands yeux ronds pétillaient, reflétant la lumière de la bougie qui dansait à la fenêtre. Les oreilles, fines et veloutées, ressemblaient à celles d’un hamster et se dressaient à chaque fois que le tonnerre grondait à l’extérieur. Son corps semblait enveloppé d’une fourrure dense et douce, rappelant celle des moutons des contes que sa grand-mère lui racontait. Son nez était un minuscule bouton rose, et sa bouche, si petite, se courbait dans une expression à la fois espiègle et timide.
Lila, saisie d’émerveillement, tendit une main hésitante vers la créature, espérant la rassurer. À sa grande surprise, celle-ci se rapprocha, laissant la douce chaleur de sa fourrure caresser la paume de la jeune fille. La créature émit un doux son, quelque part entre le gazouillis d’un oiseau et le ronronnement d’un chat.
La jeune fille, prise d’une soudaine audace, décida de glisser ses mains sous le lit pour soulever doucement la créature et la sortir de sa cachette. Elle était légère, comme un coussin de plumes, et se lova confortablement dans les bras de Lila. Sa fourrure était chaude et apaisante au toucher.
“Qui es-tu ?”, murmura Lila, ses yeux écarquillés de curiosité.
La créature pencha la tête, ses yeux plongeant dans ceux de Lila, comme pour sonder son âme. Un lien inexplicable semblait se tisser entre elles, une connexion que les mots ne pourraient décrire. Dans cet instant de pure magie, Lila comprit qu’elle venait de découvrir un être du monde des songes, un gardien des rêves, peut-être perdu ou en mission spéciale dans le monde des humains.
La chambre, autrefois silencieuse, se remplit du doux chant de la créature, une mélodie qui évoquait des souvenirs lointains des rêves oubliés.
Les heures qui suivirent furent remplies d’émerveillement. Lila, guidée par la créature qu’elle avait baptisée « Somnia », découvrit les recoins cachés de sa propre maison transformée par la magie. Chaque pièce était un nouveau monde à explorer, chaque ombre renfermait une histoire. Les murs murmuraient des contes d’antan, le parquet se muait en une mer calme et argentée, et les plafonds s’ouvraient sur des ciels étoilés aux constellations inconnues.
Toutefois, au fil de leurs jeux et explorations, Lila ressentit une mélancolie sourde chez Somnia. La créature se perdait parfois dans des soupirs lointains, son regard tourné vers une fenêtre, comme si elle cherchait quelque chose dans le ciel. Lorsque la jeune fille l’interrogea, Somnia émit une série de notes mélodieuses, évoquant un manque et une forte tristesse.
Réalisant que sa nouvelle amie était perdue, Lila décida d’aider Somnia à retrouver son chemin. Elles débutèrent une quête à travers la forêt du Songe, à la recherche d’indices et de portails magiques. Chaque arbre, chaque ruisseau, chaque étoile avait un message ou une énigme à résoudre.
Mais le véritable défi n’était pas tant dans la découverte du chemin de retour, mais dans les épreuves émotionnelles qu’elles durent affronter ensemble. Elles rencontrèrent des créatures égarées, des illusions trompeuses, et des ombres du passé. Chaque épreuve renforçait leur lien, les larmes et les rires partagés gravant des souvenirs inoubliables dans leur cœur.
L’aube allait se lever, Somnia, en se blottissant contre Lila, fit apparaître une petite lueur dans sa fourrure. Cette lueur grandit, formant un portail étincelant. Somnia, avec une tristesse dans les yeux, fit comprendre à Lila que ce portail était son chemin de retour, mais qu’une fois franchi, elle ne pourrait plus revenir.
Lila, les larmes aux yeux, décida d’accompagner Somnia jusqu’au portail. Elle savait que leur temps ensemble touchait à sa fin, mais la magie de leur aventure resterait à jamais gravée en elle.
Face au portail scintillant, le monde semblait retenir son souffle. Les étoiles de la forêt du Songe brillèrent plus fort, tissant un tapis luminescent autour des deux amies. Somnia se blottit contre Lila, sa fourrure douce absorbant les larmes silencieuses de la jeune fille.
Alors qu’elles se tenaient là, à l’orée de la séparation, Somnia, avec une délicatesse infinie, glissa quelque chose dans la main de Lila. C’était une petite étoile, pulsant d’une lumière douce, chaude au toucher. “Un souvenir”, semblait-elle murmurer sans mots, “une lueur pour éclairer les nuits solitaires.”
Lila enlaça tendrement Somnia, un merci silencieux passant entre elles. Elle sentit le cœur battant de la créature, cette mélodie douce-amère qui chantait à la fois l’amour et l’au revoir. Puis, avec un dernier regard, un dernier sourire, Somnia franchit le portail, laissant derrière elle une traînée d’étoiles.
Le portail se referma doucement, et la forêt du Songe disparu pour laisser place à la chambre. Mais elle n’était plus la même. Chaque objet, chaque meuble portait désormais un fragment de l’histoire de Lila et Somnia.
Lila, tenant fermement son étoile, retourna à son lit, le cœur lourd mais empli d’une gratitude sans fin. La magie de cette nuit resterait à jamais gravée en elle, une promesse silencieuse que, quelque part dans l’univers, les rêves et la réalité se croisent.
Elle posa l’étoile sur sa table de chevet, sa lueur douce éclairant la pièce. Seulement cette lueur grandissait à chaque instant que le soleil se levait. La lumière devint si forte qu’elle aveugla Lilas. Lorsqu’elle rouvrit les yeux, elle était allongé dans son lit, le soleil entrait par la fenêtre et éclairais sa chambre. En tournant la tête vers sa table de chevet, elle vit que l’étoile n’était plus là. Comme un rêve qui s’envole avec l’arrivé de l’aube.
- Marina Leridon
Pips se demandait bien où il avait atterri. Il n’était pas inquiet. La nouveauté lui plaisait toujours. Son œil pétillant en témoignait.
Presque tous les matins, il s’éveillait à un endroit différent de celui où il s’était endormi. Il ne restait jamais plus de trois jours dans le même environnement.
Sa vie était comme ça. Au début, ses parents et son petit frère voyageaient avec lui. Jusqu’à ce qu’il ouvre les yeux et ne voie personne autour de lui. Les deux premières fois ont été difficiles. Il se sentait seul, triste et abandonné.
Puis il s’est habitué. Parfois, il avait des nouvelles. Avant de s’endormir, il entendait une voix lui susurrer : « Tes parents t’aiment et t’embrassent ». Cela suffisait à son bonheur.
Il n’avait pas encore rencontré d’autres individus de sa tribu. Mais ça ne le tracassait pas.
Ses oreilles striées lui permettait d’entendre les échanges entre les arbres. Ces géants échangeaient des informations sur le temps, le soleil, la pluie. Les plus grands se moquaient gentiment des petits. Mais ils se mettaient toujours d’accord pour laisser la lumière passer.
Pips sentait aussi leurs racines se déplacer sous lui. De légers tremblements sous la terre lui indiquait que tel arbre cherchait à mêler ses racines à tel autre. Quand ils étaient énervés, Pips pouvait se retrouver comme un culbuto sur le dos.
Il restait petit mais les frisottis sur son corps continuaient de pousser. Il les trouvaient un peu longs mais ils s’enroulaient sur eux-mêmes. Ça ne le dérangeait pas tant que ça.
Il se souvenait que ses parents avaient une énorme touffe qui dansait avec le vent. Ça l’amusait beaucoup.
Lui n’arrivait pas facilement à se déplacer. Il était encore maladroit et ne comprenait pas comment sa famille parvenait à bouger si vite.
Il passait ses journées à se nourrir. Il faut dire que son petit estomac délicat ne supportait que de minuscules insectes appelés : les apétitos. Il y en avait tellement qu’ils se déplaçaient en essaim et formaient des nuages qui assombrissaient le ciel. Il devait lancer sa langue fine et longue de toutes ses forces pour les attraper en vol. Tous portaient une goutte d’eau sur leur dos. Pips n’avait ainsi pas à se préoccuper de boire.
Il s’aperçut que son corps bougeait malgré lui de plus en plus souvent. Un jour, alors qu’il tentait d’attraper un apétito, il se sentit propulser vers le ciel. Il retomba sur la tête, tout étourdi.
Ses yeux roulaient dans tous les sens. Il ne comprenait pas ce qui lui était arrivé. Il avait même un peu peur. Il s’était déplacé de plusieurs arbres et ne reconnaissait pas ceux qui étaient autour de lui. Ça ne lui arrivait jamais quand il était éveillé.
Il se redressa avec difficulté et respira son corps pour détecter un problème. Son odorat était très développé. Il ne ressentait pas la douleur ni la maladie mais les sentait.
Il décida que tout allait bien. Mais, alors qu’il sortait sa langue pour attraper un apétito, son corps se souleva de terre. Il rentra sa langue et se concentra.
Tout à coup, il se souvint de ce que lui avait expliqué son papa. Les petits êtres de sa tribu accumulent tellement de bouclettes sous leur corps qu’elles finissent par être de vrais ressorts. Ils peuvent ainsi se déplacer à leur guise dans la journée.
Sur le moment, il n’avait pas bien compris « le zébulon ». Son père lui avait dit qu’il comprendrait quand il serait grand. Et voilà ! Il était grand maintenant et avait enfin expérimenté cette drôle de possibilité. Il lui restait à comprendre comment la dominer et se diriger où il le voulait.
Aujourd’hui, il maîtrise le zébulon. Il est bien content de pouvoir se déplacer quand et où il veut. Hier il a aperçu d’autres bouclettes dans le lointain. Il a eu chaud tout à coup et en a oublié de chasser les apétitos.
Il s’est pris à rêver de former une famille comme son papa et sa maman même s’il ne sait pas du tout comment s’y prendre.
Il n’a pas changé d’endroit depuis quatre jours. Est-ce un signe ? Peut-il enfin s’installer ?
Préoccupé par toutes ces nouveautés, il s’est affaibli, faute de manger. Heureusement que la nourriture est abondante dans le coin. Il suffit de tirer la langue et il a à manger et à boire.
Il se requinque vite. Passe une bonne nuit. Au matin, il décide de se diriger vers les bouclettes au loin pour ne plus vivre seul.
⭐ Inspiration n°3
- Athénaïs Grave
La véritable histoire des Œufs de Fabergé
Chacun a entendu parler des cinquante-quatre œufs créés par le célèbre Fabergé pour les épouses des tsars de Russie à l’occasion de Pâques. On a tous également écouté, au moins une fois dans notre vie, l’histoire de la Poule aux œufs d’or. Et alors me direz-vous, quel lien y a-t-il entre une fable de La Fontaine et la joaillerie de luxe ? Les œufs bien évidemment ! Et si tout ceci n’était qu’une seule et même histoire ? Et si Fabergé n’avait jamais rien créé mais avait simplement eu une chance à faire jaunir un trèfle à quatre feuilles ? Laissez-moi vous raconter la véritable origine des œufs de Fabergé…
Pour commencer, nous devons faire un retour dans le passé. Nous voici en 1885, Alexandre III souhaite offrir un bijou exceptionnel à son épouse pour les fêtes de Pâques. Pour ce faire, il convoque un des plus grands bijoutiers de son temps : Pierre-Karl Fabergé. Ce dernier lui présente une série de pièce d’exception. Malheureusement, aucune ne semble satisfaire le souverain. Pierre-Karl est désespéré. Il ne peut pas se permettre de décevoir son Tsar, sa réputation en serait ruinée.
C’est donc profondément contrit qu’il rentre ce jour-là à son atelier. Il lui faut à tout prix créer une nouvelle œuvre et le temps lui est compté. Il se saisit d’un fusain et commence à esquisser des croquis, mais tout lui semble trop fade pour l’Empereur. Il finit par aller demander conseil à l’un de ses meilleurs orfèvres :
— Erik ? Quel type de bijou offririez-vous à notre tsarine pour Pâques ?
— Je ne sais pas, je dirais un œuf ? Après tout, il est question de Pâques.
— Un œuf, pourquoi pas ? Sur une bague ? Monté sur un pendentif ? Une broche ?
— Non, maître, je pensais à quelque chose de plus rare. Connaissez-vous Monsieur Jean La Fontaine, c’est un fabuliste français.
Sur ces mots, il sort un vieux recueil de poésie et lit une courte fable sur une poule pondant des œufs en or, prenant garde à tout retranscrire en russe au fur et à mesure à son employeur qui ne maîtrise pas la langue de Molière.
— Cette édition est un peu particulière, c’est la toute première impression. Sortie de presse en 1666, deux ans avant la parution officielle.
— 1666, que diable…
— Vous ne croyez pas si bien dire. Cette fable sous couvert d’un conte moralisateur pour enfant cache un secret des mieux garder de tous les temps. Ce livre est dans ma famille depuis une dizaine de générations. Voyez-vous, cette poule, n’est pas une œuvre de fiction, mais bien une création de Satan pour pervertir l’homme via sa cupidité.
— Mais d’après l’histoire, la poule a été tuée.
— Il est vrai.
— Erik, où voulez-vous en venir à la fin ?
— La poule a pondu des œufs. Une vingtaine tout au plus avant de se faire occire. Ils ont tous été fondus, tous, enfin presque.
Le maître joaillier fronce un sourcil :
— Continuez.
— Comme vous le savez, ma mère est issue d’une famille française. Un de ses ancêtres avait acquis un de ces œufs auprès du paysan. Il avait prévu de le faire fondre pour constituer la dote de sa fille.
— Et il ne l’a pas fait ? Pour quelle raison ?
— L’œuf a éclos !
— Une nouvelle poule aux œufs d’or ?
— Parfaitement.
— Et vous possédez l’un de ses œufs ?
— Non.
— Nous ne sommes donc pas plus avancés.
— Ma mère est la propriétaire de la dernière poule.
— Alors comment ce fait-il que vous ne soyez pas riche comme Crésus.
— À chaque génération, la poule devient de moins en moins productive. La poule originelle pondait un œuf par jour, celle de ma mère ne pond qu’une fois l’année, trois semaines exactement avant Pâques. Elle a justement pondu hier, si vous proposez un bon prix à ma mère, elle acceptera de vous le vendre. Cependant, vous devrez demander au tsar d’être patient, nous ne pourrons récupérer l’œuf qu’au matin de Pâques. La poule le couve jusque-là, et il est impossible de le lui voler. Il faudra attendre.
— Si elle ne le laisse pas à temps, Alexandre III ne me le pardonnera pas et la réputation de cette maison sera ruinée…
— Voulez-vous que je confectionne une autre pièce dans le cas où la poule ne libérerait pas l’œuf cette année. Je pourrai confectionner un œuf en émail qui servira d’écrin à l’œuf d’or. Nous avons reçu également de beau diamant et un rubis, je vais lui confectionner une création personnelle à cacher dans l’œuf.
Au matin de Pâques, le maître joaillier, une lourde bourse à la ceinture et son orfèvre se rendent chez la mère de ce dernier. Femme dure en affaire, elle prend soin de compter son dû au rouble près.
— Madame Kollin, veuillez me conduire à l’œuf désormais, le temps presse.
— Seul mon fils est autorisé à me suivre, veuillez patienter dans le salon, mon personnel vous apportera une collation pour patienter.
Mère et fils s’éloignent.
— Elle ne s’est toujours pas levée de son nid, s’inquiète Dame Kollin, ce n’est pas habituel. Elle refuse également de s’alimenter.
— Quel âge à votre poule, mère ?
— Votre grand-mère me l’a léguée il y a maintenant une décennie. Jamais, elle ne s’est conduite ainsi.
— Dis ans, n’est-ce pas vieux pour une poule ?
Sur cette interrogation, ils pénètrent tous deux dans une cour intérieure, bien à l’abri des regards indiscrets. Juste à temps pour découvrir l’effroyable spectacle. La poule est là. Tremblante sur son nid. Soudain, sous leurs yeux, elle se raidit et se ratatine. Ses yeux se voilent et prennent une teinte rouge, son plumage jauni. Finalement, elle bascule au sol dans un bruit métallique. Erik se précipite pour ramasser le cadavre aviaire. Son corps est désormais fait d’or, et deux rubis ont pris la place de ses yeux. L’œuf d’or, son dernier, repose toujours dans le nid. Madame Kollin s’écroule, affligée, devant la disparition de sa rente annuelle. Elle pense déjà à négocier un prix plus élevé en dédommagement de cet ultime œuf.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Je vous ai dit que Maître Fabergé est un chanceux. Et ce, pour deux raisons. La première : le plus grand des hasards a voulu que son orfèvre puisse lui fournir un œuf d’or. La deuxième, c’est qu’il avait en plus acheté le bon. Écoutez, vous entendez ? Ce petit craquement ? Erik, lui l’a bien perçu. Il se retourne précipitamment vers le nid, au moment où la coquille de l’œuf se fêle. Un éclat tombe, laissant un petit trou circulaire au centre de la coquille. Et à travers ce petit trou, Erik voit un minuscule bec. Le poussin donne un dernier coup, et l’œuf éclot se séparant en deux moitiés. C’est un soulagement pour Dame Kollin, l’assurance du maintien de ces revenus.
Le contrat est signé. Une somme supplémentaire est versée pour acquérir également la défunte poule. De retour à l’atelier, Erik s’affaire, la commande doit parvenir au plus tard au Tsar dans quatre heures. Il rassemble les deux moitiés de coquille part une charnière afin que l’œuf puisse s’ouvrir. Il place à l’intérieur la poule qui s’étant tellement ratatinée lors de sa transformation peut désormais occuper l’intérieur de l’œuf qu’elle a elle-même pondu. Sous les plumes de sa queue, il crée un petit mécanisme permettant de l’ouvrir. Il installe à l’intérieur de l’oiseau la création demandée par le maître joaillier en cas d’échec de récupération l’œuf en temps et heure. Une réplique en diamant de la couronne de la souveraine et un pendentif en rubis. Et comme rien ne se perd, avec l’éclat de coquille laissé par le bec du poussin, il confectionne une petite médaille d’or qu’il place également dans la poule. Il installe enfin l’œuf dans son écrin d’émail, prêt à être livré.
L’objet est remis à Alexandre III. L’œuf est offert à tsarine Maria Fedorovna qui va en tomber amoureuse. Chaque année, le Tsar commandera un nouvel œuf à Fabergé.
L’histoire ne dit pas si Erik et Pierre-Karl ont vendu leurs âmes au diable.
- Patricia Forge
Vous pensez peut être que je viens d’ailleurs. Et pourtant, je suis ici depuis la nuit des temps, le commencement du monde.
C’est par moi que tout a commencé. La Terre n’était qu’une grosse pierre quand Dame Nature décida de s’y installer. Elle me déposa ici, au milieu d’un nul part, et m’ouvrit à son charme par son plus beau baiser.
Alors tout commença.
Je suis l’œuf sacré des forêts. J’ai lancé le processus de la naissance de ces seigneurs, je les ai bichonnés, je les ai protégés et j’ai veillé pour que toutes les espèces végétales prospèrent.
Dame Nature a dû déposer d’autres entités comme moi.
L’eau, le vent, le feu sont nés.
Les insectes, les animaux se sont multipliés. Puis l’humain est apparu. Il a bloqué l’expansion de la création car il est la création qui porte en elle l’extinction.
Je le sais… Le temps est l’ennemi de Dame Nature. Dans toute histoire existe un début et une fin.
Je me bats depuis longtemps déjà contre ceux qui détruisent des géants multi centenaires pour un profit aux ombres délétères.
Quand il ne restera plus rien, que les humains eux même se seront éteints, Dame Nature reviendra me chercher, peut être me gratifiera- t-elle d’un nouveau baiser ?
Alors le temps se mettra à battre la mesure à l’envers et sera créé un nouvel univers. J’avoue être à cette idée fort marri, car cette planète bleue et verte je la trouve si jolie.
J’aime la mousse des sous-bois, les elfes des chênes et les fées des sureaux. J’aime les pierres qui dansent sous les clairs de lune porcelaine.
Ce monde multimillénaire reste un trésor éphémère que l’humain ne voit plus car son cœur s’est perdu.
Le temps le sait, il attend son heure d’être enfin vainqueur.
Alors… Dame Nature me posera ailleurs pour tout recommencer.
- Sandrine Drappier Ferry
Dystopie optimiste
La planète avait été purgée nettoyée de ses prédateurs
Toute une civilisation détruite plus d’humains une bénédiction
Les animaux planqués dans les souterrains
Dans les fourrés dans les terriers
Attendaient une autorisation de sortie
Dans le cosmos loin là-haut les oiseaux
Tournaient impatients dans le ciel noir
Un monde en overdose luttant pour sa survie
Un seul endroit était cependant resté identiquement intact
Au Pays des Mille Etangs juste à l’entrée des Vosges Saônoises
Sans que l’on puisse l’expliquer
La Tourbière de la Grande Pile avait été épargnée
Un Eden d’espoir au milieu des marécages
Là-bas comme avant la vie suivait son cours
Les cordulies arctiques se prélassaient sur les scheuchzéries des marais
Au pied des arbres rompus les pieds bien arrimés dans la vase
Des grenouilles à gorge rousse croassaient
Les libellules passaient de feuilles en feuilles
Bientôt suivis par les papillons jaunes
Et caché dans la boulaie
Sous un coussin de polytric et linaigrette
Un être hybride se réveillait au soleil irradié
Petit poussin dans sa coque piquetée piquetant
Un oiseau mi œuf mi végétal
La moitié du corps recouvert de branches d’épicéa
Un être aux yeux couleur d’espoir
Le premier nouveau-né de cette nouvelle ère
Sur de courtes pattes glissant sur les sphaignes
Il ne savait pas lui, qu’ailleurs, le monde était à l’arrêt
Près de lui une coronelle lisse glissait dans les herbes
Tout était presque pareil mais plus tout à fait
Et les membres de la Tourbière de la Pile finirent par se lasser
Ils voulaient faire partie d’un tout et non être une exception
Et le petit œuf épicéa piqueté piquetant sur ses petites pattes
Réunit les végétaux et les animaux
Il prit la parole et claironna d’une voix claire
Nous avons connu le pire nous en tirerons les leçons
Nous serons mémoire et résilience
De cette nouvelle civilisation
Il faut sonner le tocsin réveiller nos concitoyens
Amis volants tel est votre destin
Et aussitôt nuées de libellules de papillons filèrent dans le lointain
Orvets couleuvres et autres coronelles s’enfoncèrent sous terre
Pour réveiller les animaux des souterrains des terriers des fourrés
Pendant que les eaux du marais se gonflaient et sortaient de leur lit
Inondant les terres aux alentours rejoignant rivières fleuves et lacs
Et peu à peu la terre se réveilla telle une belle au bois dormant
Cependant, très vite, il y eut un manque
Un absent résonnait une catégorie avait été annihilée
Un seul être vous manque et tout est dépeuplé
Alors le petit œuf épicéa eut une idée
Pour que les êtres humains reviennent sur terre
Il appela les piverts aux longs becs
Et cognant sur les branches et les troncs morts de la Tourbière
Ils façonnèrent deux êtres humains de bois
Deux petits robots mi hommes mi végétaux
Aux yeux bleus océan aux cheveux verts lichen
Maladroitement ils se levèrent et firent connaissance de ce nouveau monde
Tout leur sembla beau harmonieux délicat fragile
Le petit œuf épicéa piqueté piquetant les entraîna
Tout autour de la planète pendant de longs mois
Il leur expliqua ce qui s’était passé avant leur naissance
La cupidité le goût du pouvoir l’envie de posséder
Il leur montra la beauté du lien entre tous
Comment chacun par sa respiration aidait l’autre à se sentir mieux
Les années passèrent
L’œuf épicéa piqueté piquetant était retourné sous son coussin de polytric et linaigrette
Dans la Tourbière de la Grande Pile au Pays des Mille Etangs
Juste à l’entrée des Vosges Saônoises
Quelquefois des descendants des deux premiers robots mi hommes mi végétaux arrivaient
Leurs yeux bleus océan continuaient à regarder émerveillés les richesses du monde vivant
Le petit oiseau œuf épicéa piqueté piquetant en était rassuré
Il aimait les écouter parler chanter il aimait les regarder sauter danser
Près de lui les cordulies arctiques continuaient à se prélasser
Sur les scheuchzéries des marais
Les grenouilles à gorge rousse croassaient
Toujours les pieds bien arrimés dans la vase
La coronelle lisse n’en finissait plus de glisser dans les herbes
Tout était à sa place tout avait une fonction tout était harmonie
Et le monde continuait à tourner droit sous un grand soleil lumineux
Dans le cosmos plus d’oiseaux ils avaient rejoint les branches des grands arbres
En dessous les animaux s’étiraient en sautant juste avant de partir chercher pitance
C’était une belle journée De printemps ou d’été
Loin des dérèglements climatiques loin des maux d’une autre civilisation devenue folle
Alors aujourd’hui en cette fin d’été caniculaire
Nourrie de feux et d’inondations cataclysmiques
Se terminant par un tremblement de terre oh combien meurtrier
Espérons que nous n’en arriverons pas là
Espérons que notre folie se tarira
Espérons car il ne nous reste plus que cela.
- Lisa Marie Tailhandier
— ENFIN ! Le lycée est terminé les vacances commencent ! Déclarais-je une fois rentré à la maison.
Pour fêter ça je décide de faire mon activité préférée, la balade en forêt. Heureusement pour moi ma maison se situe tout près un petit peu dans lequel j’aime m’aventurer pour écouter les bruits de la nature. Profitant que mes parents soient encore au travail, Je commence à grimper à un arbre. Contrairement à beaucoup de personnes, moi je n pas le vertige. Pendant plusieurs minutes je reste là assis sur une branche les deux jambes qui pendent dans le vide. De là où je suis-je peux voir presque tout. En plus des autres arbres qui s’étendent à perte de vue, je peux apercevoir par exemple sur chaque branche des nids d’oiseaux. Avec un peu de chance je peux également voir des trous qui sert de terrier au lapin. J’ai toujours adoré regarder toutes ces couleurs autour de moi qui échange au fil des saison. J’ai d’ailleurs toujours eu pour habitude de venir me réfugier ici à chaque fois que je passe une mauvaise journée. Me sentant tellement bien sur ma branche d’arbre au-dessus de tout, Je ne remarque pas l’étrange oiseau juste au-dessus de moi. Un bruit strident retentit tout près de moi éprise par surprise je perds l’équilibre. Je finis par m’écrouler comme une masse sur le sol mousseux après avoir fait une chute de plus d’un mètre de haut. Même si le sol a amorti ma chute, je sens bien que je suis blessée et une douleur atroce m’envahit. Mon genou et mon coup de saigne mais je trouve la force de me relever pour comprendre d’où venait le cri. Mais étrangement le calme est revenu et il n’y a plus rien autour de moi que des arbres. Réunissant mes forces pour ne pas crier, je ressens finalement une présence mais qui n’est pas celle d’un animal. Une femme d’une trentaine d’année que je n’ai jamais vu auparavant s’approche de moi. Intriguée je la regarde me tendre sa main que je saisis sans hésiter. Étrangement à l’instant même où je la saisis, mes blessures disparaissent et la douleur avec.
— Qui êtes-vous ? Finis-je par demander complètement hypnotisée.
— Toi ? Répond-elle par une question qui es-tu ma petite ?
— Je me nomme Jeanne
— Et bien Jeanne j’ai quelque chose pour toi
A peine a-t-elle prononcé ces paroles qu’elle se retournent avant de me tendre un objet étrange que je n’avait jamais vu auparavant. En le regardant avec attention, je comprends qu’il s’agit d’un œuf pas comme les autres. En plus d’être plus grand que les œufs ordinaires la moitié de la coquille est complètement feuillue.
— Mais pourquoi voulez-vous me le donner ? Demandais-je avec stupéfaction.
— Parce que je sais que contrairement à moi tu seras en faire bon usage. Répond-elle en le lui mettant entre les mains.
Dans un premier temps je voudrais refuser ce cadeau que je pense ne pas mériter, Mais finalement la tentation est plus forte et je fini par l’emmener avec moi après avoir chaleureusement remercié cette mystérieuse femme. Heureusement, mes parents ne sont toujours pas là ! Je pose le gros œuf sur la table de la cuisine en réfléchissant à ce que je vais bien pouvoir en faire. Peut-être que malgré son apparence spéciale il s’agit d’un œuf comestible qui sert simplement à être mangé. Trévise je sors un couteau et je tente de percer la coquille qui est incroyablement solide. Malgré toutes mes tentatives pour le casser l’œuf reste intacte sans la moindre égratignure. Fatiguée je décide de l’amener dans ma chambre et de dormir avec. Je le place juste à côté de moi et l’enveloppe avec la couverture. Le lendemain quelque chose d’incroyable se produit. L’œuf est toujours bel et bien à mes côtés, mais, en le bougeant je m’aperçois qu’il y a un trou à l’intérieur. Paniquée je soulève les draps pour regarder en dessous et à mon grand soulagement une petite boule de plume. Pendant que je dormais un petit poussin à l’apparence tout à fait ordinaire est sorti de cette énorme œuf. Quelques secondes plus tard le petit poussin commence à pousser des petits cris en signe de famine. Rapidement mais prudemment je le prends entre mes mains et je commence à le caresser pour sentir la douceur de ses plumes sous mes doigts.
— Chut. S’il te plait ne fais pas trop de bruit, Je ne pas envie que mes parents t’entendent.
Et à ma grande surprise, le petit poussin me regarde droit dans les yeux. Puis il finit par se calmer en en appuyant sa tête contre mon pouce comme pour me dire qu’il me fait entièrement confiance. Touchée par cette preuve d’affection Je le serre contre ma poitrine avant de le déposer dans le petit trou dans lequel il est sorti de l’œuf.
— Reste ici bien au chaud en attendant que je revienne t’apportée de quoi manger.
Obéissant le petit poussin reste immobile bien sagement. Rassurée je descends à la recherche de petits vers de terre que je pourrais lui donner. Heureusement il y en a pas mal sur le balcon. Après avoir pris un récipient en verre et une pincette, Je commence à regarder partout dans chaque pot de fleur et dès que j’en trouve un, je le saisis à l’aide des pincettes et je le place dans le récipient en verre que je referme. Après en avoir pris une dizaine, je retourne discrètement dans ma chambre en profitant que mes parents ne soient pas encore levés. En me voyant arriver le petit poussin toujours caché dans son oeuf commence à s’agiter. Je m’avance vers lui et après avoir ouvert mon récipient j’attrape un verre de terre que je lui montre. Sans hésiter, il ouvre son petit bec et l’avale d’un seul coup. Après les avoir tous engloutit avec appétit, il ouvre ses deux petites ailes avant de les agiter dynamiquement. Il vient tout juste de naître et pourtant, le voilà maintenant qui vole autour de moi pour me remercier. Mais pourtant je ne suis pas au bout de mes surprises. Une lumière blanche commence à envelopper le petit poussin qui continue de voler partout dans ma chambre. La lumière grossit à chaque seconde avant de disparaître aussi brutalement qu’elle est apparue. Face à moi il n’a plus de poussin mais un bébé qui tombe doucement sur le sol. Comprenant à peine ce qui vient de se passer je m’approche de lui avant de le prendre dans mes bras. À cet instant une seule pensée me vient en tête retourner dans la forêt. Tout en tenant le bébé dans mes bras je sors de la maison et doucement je marche en direction du petit bois. Soudain le même cri que j’avais entendu la veille retentit de nouveau. Devant moi, vole un grand oiseau aux ailes multicolores qui traînes derrière lui des centaines de paillettes qui s’évaporent dans les airs. En arrivant sur le sol il se transforme entièrement pour devenir la femme qui m’avait donné l’œuf.
— Je savais que tu reviendrais dit-elle avec satisfaction. À ce que je vois tu as su prendre soin de mon petit.
— C’était votre œuf ? Mais alors pourquoi me l’avoir donné ? Demandais-je.
— Tu ne t’en souviens peut être pas, mais il y a à peu près un an, alors que tu t’étais promenée par ici, tu m’as sauvé la vie.
Intriguée, je fouille dans mes souvenirs. Il y a en effet un an de cela, il m’est arrivé quelque chose que j’aurais préféré oublier. Ce jour-là je n pas seule. Un de mes voisins que je n’apprécie pas vraiment était déjà là muni d’un gros fusil. Il voulait tirer sur un oiseau mais je me suis jeté sur lui pour dévier son tir. Et le plus étonnant, c’est que l’oiseau que j’avais sauvé s’est mis à le chasser de la forêt en lui donnant des coups de bec sur la tête.
— Alors c’est donc toi que j’ai sauvé de ce chasseur ce jour-là ?
— Exactement, comme tu peux le constater je suis une très rare capable de se métamorphoser un être humain. Comme je sais que tu as toujours voulu avoir un petit frère ou une petite sœur pour te remercier j’ai décidé de te donner l’un de mes œufs.
— Et mes parents ? Qu’est-ce que je vais leur dire ?
— Rassure-toi, comme mon poussin t’as choisi pour être sa mère Tu es donc la seule humaine capable de le voir jusqu’à ce qu’il atteigne sa taille adulte. Et puis tu verras il grandira très vite.
- Gagnaire
Louis, jeune garçon, aimait partir à l’aventure et explorer les recoins les plus reculés, ceux qui renfermaient encore une part de mystère. C’est ainsi qu’en vagabondant dans une forêt, il aperçut quelque chose d’inhabituel.
Un mystérieux œuf troué en son centre était comme posé sur le sol. Le haut de l’œuf était recouvert de mousse et il pouvait presque passer inaperçu pour qui ne faisait pas attention. Louis s’approcha doucement avec curiosité et il vit qu’une petite boule orange se cachait à l’intérieur. Presqu’émerveillé, il tendit la main pour toucher délicatement, du bout des doigts, la petite boule. Soudain, elle se mit à bouger et, d’une voix douce, elle lui dit :
— Bonjour, je m’appelle Lila, enchantée de faire ta connaissance.
Louis en resta bouche bée quelques instants. Il n’en croyait pas ses oreilles
— Wow, un œuf magique qui parle ! C’est incroyable ! S’exclama-t-il, les yeux brillants d’excitation.
Lila lui sourit et répondit :
— Oui, je suis une petite créature magique. Je suis venue dans cet œuf pour explorer le monde mais j’ai perdu mon chemin. Peux-tu m’aider à retourner chez moi ?
Louis était ravi d’aider sa nouvelle amie.
— Bien sûr ! Où est-ce que tu habites ? demanda-t-il, tout excité.
— Je viens d’une contrée lointaine, juste derrière ce grand arbre, dit Lila en pointant vers une direction de la forêt que Louis n’avait jamais explorée auparavant.
Sans hésiter, Louis prit Lila dans ses mains et ils se mirent en route. Pendant leur marche, ils ne cessaient de discuter. Lila racontait des histoires fantastiques sur son monde magique, tandis que Louis partageait ses aventures dans la forêt.
Soudain, ils arrivèrent face à un large ruisseau. Louis se gratta la tête, se demandant comment traverser sans se mouiller les pieds. Mais, toujours pleine d’idées, Lila suggéra :
— Et si on demandait aux pierres de nous aider ?
Louis approuva, bien qu’il ne comprit pas comment cela serait possible et il écouta la voix douce de Lila qui demandait :
— Chères pierres, pourriez-vous nous prêter votre aide pour traverser ?
À sa grande surprise, plusieurs grosses pierres apparurent, formant un pont à travers le ruisseau. Louis et Lila traversèrent en riant.
Après une longue marche, ils atteignirent enfin la contrée lointaine où habitait Lila. Devant eux s’ouvraient de vastes prairies remplies de fleurs colorées et d’arbres majestueux.
— Nous sommes arrivés, annonça Lila, reconnaissante envers Louis pour son aide précieuse. Tu es mon véritable ami, Louis. Je n’oublierai jamais notre aventure ensemble.
Tous deux se firent une promesse de se revoir un jour, puis Louis retourna chez lui, le cœur rempli de souvenirs magiques.
Et ainsi, Louis et Lila avaient découvert que l’amitié pouvait naître de rencontres inattendues et que même les plus petites créatures pouvaient avoir un impact énorme sur nos vies.
- Ma participation, hors concours, sur l’inspiration n°1
Encore un matin où mon réveil me tire du sommeil bien trop tôt à mon goût. J’enfouis mon nez dans le drap à la recherche de quelques minutes de rab. La fraîcheur du tissu m’apaise aussitôt. Unenouvelle sonnerie me fait grogner alors qu’elle me cueille à la lisière du rendormissement. Lasse, je m’étire avec aussi peu de délicatesse que de discrétion, puis pose le premier pied au sol pour prendre racine dans ma journée, laquelle sera encore une fois bien trop longue à mon goût. Les yeux encore collés par mes rêves dépaysants, je tire les couvertures quand un petit cri attire mon attention. Je baisse les yeux vers l’origine du bruit que je situe aux alentours des oreillers. Je soulève la couette et découvre une espèce de boule duveteuse et bien trop rose de la taille d’une balle de tennis. Mes pensées fonctionnent encore au ralenti, alors je pense tout de suite à un jouet pour chien, maudissant intérieurement le clebs de malheur dont Jérôme, mon coloc, s’est entiché au refuge et qu’il ramène parfois faire un coucou à l’appartement. Comme si les meubles ou moi en avions quelque chose à faire. Bref, je vais pour attraper l’objet aussi inutile que l’animal auquel il est destiné, mais je retire ma main en sursautant dans la seconde qui suit. La petite boule rose censée être inerte vient de poper dans les airs et de faire un volte-face aussi rapide qu’illogique. Jamais un jouet pour chien n’a eu cette faculté-là, j’en suis certaine ! Une drôle de bouille me fait maintenant face. Deux yeux noirs perçants, sans être menaçants, une barbe violette un peu incongrue, si tant est que la situation ne l’était pas déjà, et une paire de pattes qui me font penser que j’ai affaire à une espèce de crabe en peluche. Mais un crabe pas vraiment crabe. Difficile à décrire. Immobile et silencieuse, la bestiole n’en demeure pas moins intriguante. Avec précaution, je tends le bras, une lueur de défi et de crainte mélangés brûlant mon regard fiévreux. Mes doigts se posent sur ce que je pense être de la laine ou de la feutrine, ce qui me fait grimacer avec force, car ce que je touche n’a absolument rien à voir avec une matière textile, mais relève bel et bien de l’organique. Je ne peux réprimer un haut le coeur. Désemparée, je ne suis plus très sûre de vouloir empoigner la chose, mais c’est elle qui me saute dans la main ! J’ai un mouvement de recul, forcément, mais je tiens bon sur mes deux jambes. Je fais cinquante fois sa taille, quand même, il manquerait plus que je me laisse impressionner par un jouet animé. Le petit couic que ce dernier lâche quand je l’approche de moi me fait à nouveau sursauter, alors je redresse la tête et durcis mes traits. On va voir qui est le chef dans cette baraque ! Une douce mélodie s’élève soudain autour de moi, et aux roulis du petit corps couleur Malabar que j’ai au creux de ma paume, je comprends qu’elle vient de lui. Un air lénifiant, qui me ferait fermer les yeux si je ne devais pas… merde, le taf !
En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, je repose la balle de tennis musicale sur le lit, m’habille en quatrième vitesse et enfile mes chaussures sans même passer par la salle de bains. Mon temps est chronométré le matin, pile 12 minutes pour avoir le temps de sauter dans mes vêtements et d’accrocher un peu de style sur mes cils, alors rêvasser devant mon lit ne fait pas partie du programme et ne peut que me mettre en retard. J’attrape la bestiole à la volée avant de courir dans les escaliers après avoir claqué la porte d’entrée derrière moi. Sur le trajet qui me mène au travail, je m’aperçois que la petite boule reste immobile, mais émet une pulsation que je ressens jusque dans mes entrailles. Je la caresse machinalement, la gardant jalousement dans ma poche, comme si j’avais compris qu’il ne fallait la montrer à personne. Pourtant, lorsque j’essaie de la présenter à Lili, ma collègue du secrétariat, rien ne se passe. La bestiole est bien là, dans ma main, ondulant au son du chant qu’elle m’offre avec un regard amoureux, mais Lili, elle, ne la voit pas. Pire, quand elle passe sa main sur la mienne, elle traverse mon porte-bonheur sans même l’effleurer. De la magie. Attendez… J’ai dit porte-bonheur ? Confuse, je retourne à mon bureau, mon petit crabe barbu toujours attentif au bien qu’il me procure avec sa mélopée, et en m’asseyant, je m’aperçois que la journée peut ne pas être si longue que ça, pour une fois…
Merci à tous pour vos participations et lectures !
A bientôt 💋
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