Un printemps pas comme les autres

Vivre et travailler au jour le jour

Cet article aurait dû être une fête, un florilège des avantages et atouts du coffret de printemps qui s’est fait tout beau durant de longues semaines pour faire sa grande sortie le 16 mars dernier. Et pourtant, que ce soit sur le compte Instagram ou la page Facebook, c’est le silence radio depuis un moment maintenant, et j’en suis désolée. Je vais prendre quelques minutes pour vous raconter l’histoire des coulisses de La Petite Boutique des Auteurs depuis une semaine, jour pour jour.

Nous ne regardons pas la télévision, ni n’écoutons les informations. Les partages de ma communauté ici et là sont suffisamment riches pour que nous soyons au courant de l’actualité, et la plupart du temps, grâce à des médias plus fiables que ceux auxquels on nous a habitués. Alors jeudi dernier, j’ai commencé à me poser des questions sur l’intérêt d’envoyer mes enfants dans leurs établissements scolaires respectifs la semaine suivante, étant donné les mouvements qui donnaient à penser que quelque chose de sérieux se propageait. Dans l’heure qui a suivi cette réflexion, j’ai voulu faire un drive, comme chaque semaine, sans y parvenir : il n’y avait plus aucun produit dans les rayons virtuels. Pour finir, l’allocution du Président de la République a enfoncé le clou : il se passait bien quelque chose de grave et il fallait prendre des dispositions.

Organisation et efficacité

A la tête d’une famille de trois enfants, il faut une solide organisation pour faire tourner la maisonnée, tant pour l’organisation générale, le travail, l’alimentation, les trajets, etc. Donc j’ai programmé ma journée du vendredi autour de trois postes importants : faire les courses directement au magasin, récupérer ma nichée et faire le point sur la manière dont nous allions fonctionner durant les jours à suivre. Je dois vous avouer que je n’ai pas eu une seconde à consacrer à la boutique, malgré les commandes en attente arrivées entre jeudi et le week-end. Vendredi soir, nous avons bu un coup avec mon mari, trinqué avec les enfants, et béni l’univers d’avoir la chance d’être tous sous le même toit pour ce qui allait arriver, et que nous pressentions.

Le samedi, les premières nouvelles sont tombées pour les activités des enfants, ainsi que pour certains membres de notre famille qui ont été durement touchés par la situation, notamment deux  jeunes enfants. Nous nous sommes resserrés les uns contre les autres, malgré l’accueil d’un ami italien qui cherchait à partir travailler en Espagne (tout pour réussir) qui m’a, je l’admets, donné quelques frissons de « est-ce que je fais bien ? » Mon aîné a travaillé sa dernière soirée au restaurant qui l’emploie en parallèle de ses études et la bulle a fini de se refermer autour de nous le dimanche, quand nous nous sommes retrouvés à cinq. Des pensées sont parties vers le fils de mon mari, qui est sur Paris avec sa mère, et la sachant raisonnable, nous avons terminé le week-end en mode cocooning. De quoi le lendemain allait être fait ? Et ce petit rhume qui avait pointé le bout de son nez depuis deux ou trois jours, quel était son vrai visage ?

Les rumeurs sont parvenues jusqu’à nous : le confinement n’allait pas tarder. Il n’était donc pas trop tard le lundi pour accueillir la petite amie du grand, pour « quelques jours seulement » et encore une fois, malgré la réticence de faire entrer une personne dans notre famille nucléaire. Aujourd’hui, elle est encore là, car elle a déclaré dès lundi soir tous les symptômes d’une gastro, mais j’y reviendrai plus tard. Je suis retournée travailler dans le bureau-atelier que j’occupe – et partage avec mon mari lorsqu’il est en télétravail – dans notre maison. Ni lui ni moi n’avons réussi à nous concentrer suffisamment pour faire quoi que ce soit de constructif. D’une part, la mise en place des cours/devoirs à la maison pour deux garçons (14 ans dans 3 jours et 16 ans et demi) suivant des filières extrêmement différentes, avec des professeurs qui ont chacun leurs manières de transmettre le travail à faire, a demandé une solide concentration et une certaine patience (le grand – 19 ans – gère seul cette partie du confinement).

Confinement et décisions à prendre

Le mardi, journée blanche également, car la nouvelle est tombée la veille : il faut rester chez soi le plus possible, et donc, finir de s’organiser pour traverser les prochaines quinze jours en toute sérénité (ou en tous cas, le mieux possible). Nous avons fait les dernières courses nécessaires, continué d’accompagner les enfants dans leur apprivoisement de l’école à la maison et regardé d’un œil morne le travail professionnel qu’il nous restait à faire. Mon mari ayant fait un saut la veille à son travail, l’incertitude sur une potentielle réquisition n’avait pas été apaisée. De mon côté, j’oscillais entre l’envie de reprendre du poil de la bête en vous envoyant les coffrets remplis de bonnes ondes et la culpabilité de faire travailler des personnes qui n’auraient pas notre chance de pouvoir rester chez eux. D’un autre côté, et d’un point purement terre à terre, suspendre l’activité d’un e-commerce en plein lancement est un chouïa suicidaire. Sans oublier que je ne pouvais pas garantir la désinfection de tous les éléments créés et regroupés dans les coffrets, ni garantir l’absence du virus sur les surfaces des objets, malgré l’hygiène quotidienne dont je fais preuve quoi qu’il arrive ou en utilisant des gants, pour assurer le coup. N’ayant pas réussi à trancher ce jour-là, je suis allée me coucher un nœud à l’estomac, me promettant de demander à chacune des personnes qui avaient commandé (une dizaine au total), ce qu’elle souhaitait faire.

C’était sans compter le virus amené par la petite amie qui a commencé à faire le tour de la fratrie : le grand dès mercredi matin, son frère dans la foulée, et toute la nuit jusqu’à ce matin. Soins, désinfection constante, lavages de main à outrance, alimentation adaptée, aération maximum des pièces, tout est fait pour que toute la famille n’y succombe pas. Gastro ? Ce qui semble être l’une des versions du Covid19 sur les jeunes ? On ne le saura jamais. Toujours est-il que ces épisodes m’ont confortée dans mon choix de suspendre les envois. Plusieurs raisons m’ont amenée à prendre cette décision : 1°) la fermeture des Mondial Relay et des bureaux de poste autour de moi dès mardi dernier, 2°) la volonté de ne pas transmettre le virus SI je suis (aucune certitude) porteuse saine, 3°) le rythme anarchique à la maison en ce moment avec le confinement, 4°) le désir de ne pas participer à la surcharge de travail des postiers qui ont déjà bien du mal à faire respecter leurs droits.

Le coffret de printemps pour écrivains

J’ai conscience que je me tire peut-être une balle dans le pied en refusant d’acheter ce dont la boutique aurait besoin pour fonctionner et envoyer les commandes afin d’honorer mes clients, mais je pense faire le bon choix. J’espère que vous le comprendrez et que je pourrai compter sur vous à la reprise, pour accueillir ce que vous avez commandé avec le sourire, et continuer à m’aider à faire tourner la boutique.

Dans l’intervalle, je vais en profiter pour finaliser la création de plusieurs coffrets thématiques qui patientent dans les tiroirs et vous présenter les éléments du coffret de printemps dont je vous dévoile le nom aujourd’hui : Floraisons lexicales. Je vous en parlerai plus en détail dans un autre article (moins long :-p), la semaine prochaine. J’ai hâte, malgré les circonstances, de partager avec vous son contenu.

Merci de m’avoir lue jusqu’au bout – je pense que j’en avais besoin également – et prenez soin de vous, surtout. 💋

 

2 réflexions sur “Un printemps pas comme les autres”

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